Ratko Mladic, dont l'arrestation a été annoncée jeudi par le président Boris Tadic, était avec son mentor politique Radovan Karadzic, capturé en 2008, le dernier grand criminel de guerre présumé, recherché dans les Balkans.
Arrogance et indiscipline
Né le 12 mars 1942 dans le village de Bozanovici, dans le sud de la Bosnie, Ratko Mladic voulait devenir enseignant, avant de bifurquer vers une carrière militaire à l'académie de Belgrade, dont il est sorti dans les trois premiers de sa promotion.
Il entame sa carrière professionnelle au sein de l'Armée fédérale yougoslave (JNA) en 1965. En vingt ans, il devient général de brigade, une progression lente que ses frères d'armes attribue à son attitude arrogante et à son indiscipline. Il passe l'essentiel de son temps en Macédoine, avec quelques affectations courtes en Croatie et au Kosovo.
Le commanditaire d’un massacre
En 1991 et 1992, sa carrière s'accélère : il devient général. Le 15 mai 1992, alors que la Bosnie a voté l'indépendance par référendum, le président autoproclamé des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, le nomme commandant de l'Armée serbe de Bosnie (BSA), poste qu'il conservera jusqu'en décembre 1996.
Il organise les 43 mois de siège de Sarajevo et commande les troupes qui s'emparent, en juillet 1995, de l'enclave musulmane de Srebrenica. Quelque 8.000 hommes et adolescents sont massacrés dans les jours qui suivent.
Le suicide de sa fille, et sa fuite
En mars 1994, sa fille Ana se suicide avec le pistolet de son père alors qu'elle étudie la médecine à Belgrade. Fin 1995, le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) l'inculpe de génocide pour le siège de Sarajevo et les massacres de Srebrenica.
La chute de Slobodan Milosevic à Belgrade, en octobre 2000, le prive de la protection officielle de l'Etat. Mladic entre dans la clandestinité en 2001 et échappe aux forces internationales. Selon l'Otan, il s'est rendu en 2004 dans son ancien bunker pour retrouver ses anciens compagnons d'arme et en est reparti au nez et à la barbe de la police bosniaque. L'Union européenne avait accentué ces derniers temps la pression sur Belgrade, mettant l'arrestation de Mladic dans la balance des négociations pour l'intégration à l'Union.