L'acidification des océans sous l'effet du CO2 pourrait, en diminuant l'émission de certains gaz d'origine marine, accentuer la hausse de la température du globe, selon une étude publiée dimanche par la revue Nature Climate Change.
Ce mécanisme n'est actuellement pas pris en compte dans les projections sur l'évolution du climat, soulignent les auteurs de cette étude dirigée par Katharina Six, chercheuse à l'Institut Max Planck à Hambourg (Allemagne).
Le gaz carbonique (CO2), émis en quantités de plus en plus importantes par l'homme, est le principal gaz à effet de serre à l'origine de la hausse de la température mondiale. Mais il est aussi responsable d'une acidification rapide des océans, qui absorbent le quart du CO2 émis.
Selon des études précédentes, les valeurs de pH (plus un pH est faible, plus l'acidité est élevée) enregistrées aujourd'hui n'ont jamais été rencontrées depuis 800.000 ans. Une étude parue en 2012 dans la revue Science soulignait même que cette acidification se faisait à un rythme inédit depuis... 300 millions d'années.
Dans cette nouvelle étude, les chercheurs soulignent que cette acidification des océans a un autre effet: la baisse du pH s'accompagne d'une baisse de la concentration en sulfure de diméthyle (DMS), un gaz produit par le phytoplancton. Or, ce gaz joue un rôle dans le système climatique: il contribue, en s'échappant vers l'astmosphère, à créer des aérosols, lesquels, en réfléchissant les rayons du soleil, permettent de réduire la température à la surface du globe.
A partir de simulations, les chercheurs estiment ainsi qu'une baisse des émissions de ce gaz d'origine marine de 18% d'ici 2100 se traduirait par un réchauffement supplémentaire de l'ordre de 0,23 à 0,48°C. Des résultats qui, selon les chercheurs, montrent que ce mécanisme jusqu'ici méconnu doit être désormais pris en compte dans les projections.