L'incendie est loin de s'apaiser. Dans les rues de nombreuses villes de Tunisie, les manifestations ont repris mardi, au lendemain de l'annonce de la composition du gouvernement de transition. A Tunis, la police a violemment dispersé le millier de personnes venues protester contre la présence d'anciens ministres du président déchu Ben Ali. Parmi eux figuraient également des islamistes.
"Le nouveau gouvernement ne représente pas le peuple et doit tomber. Non au RCD", le Rassemblement constitutionnel démocratique de l'ancien président, a martelé Sadok Chourou, ancien président du mouvement islamiste tunisien interdit Ennahdha (Eveil). Libéré le 30 octobre 2010, il avait passé vingt ans en prison pour ses activités politiques. Autour de lui, des jeunes brandissaient une pancarte "Oui à Ennahdha".
"Une opposition fantoche"
Après avoir appelé à la dispersion, conformément à l'état d'urgence en vigueur, la police a tiré des gaz lacrymogènes et usé de matraques. S'éloignant dans un premier temps, les manifestants sont revenus peu après, encore plus déterminés et suscitant une réponse qui l'était tout autant de la part des forces de l'ordre qui ont chargé de plus belle.
"Nous refusons ce gouvernement criminel qui veut voler la révolte de notre peuple. Nous voulons un gouvernement qui représente vraiment le peuple. Nous dénonçons les partis de l'opposition fantoche qui sont maintenant au gouvernement", a expliqué un manifestant.
D'autres rassemblements ont également eu lieu à travers le pays. Depuis le début de la "Révolution du jasmin", 78 personnes ont été tuées et 94 blessées selon les chiffres officiels.