Au lendemain du retour de Clotilde Reiss en France, Brice Hortefeux a confirmé lundi avoir signé l’arrêté d’expulsion de Vakili Rad, l’assassin de Chapour Bakhtiar, l’ancien Premier ministre du Shah d’Iran, étranglé en 1991 à Suresnes. Les autorités françaises donnent d’ailleurs l’impression de vouloir en finir au plus vite avec cet embarrassant détenu.
L’audience du tribunal d’application des peines a ainsi été avancée à neuf heures mardi matin, au lieu du début d’après-midi. Cela laissera toute latitude aux juges de prononcer la libération conditionnelle dans des délais qui lui permettront à Vakili Rad de ne pas rater Paris-Téhéran de 14h35, l’un des deux seuls vols réguliers de la semaine entre les deux capitales.
Une coïncidence de plus entre deux dossiers judiciaires qui semblent étrangement liés depuis l’arrestation de la Française en juillet 2009. Retour sur les faits.
Une concomitance permanente
Pour la justice française, Vakili Rad a purgé la totalité de sa peine de sûreté, les 18 années de prison incompressibles, à l’été dernier. C’est une décision de la cour d’appel de Paris prise le 2 juillet, et donc au lendemain de l’arrestation de Clotilde Reiss à Téhéran, qui l’a prononcée officiellement.
Une fois ce délibéré rendu, l’avocat de Vakili Rad a pu déposer le 14 août une requête de mise en liberté conditionnelle de son client. Et deux jours plus tard, la justice iranienne décidait à son tour que Clotilde Reiss pouvait être libérée sous caution et assignée à résidence à l’ambassade de France. La concomitance semble donc permanente entre les deux calendriers.
La pression d’Ahmadinedjad
Surtout, dès le mois de septembre, le président iranien Mahmoud Ahmadinedjad a lié le sort de Clotilde Reiss à celui des Iraniens détenus en France. Et l’affaire a pris une tournure extrêmement politique, au point qu’il devenait presque impossible de dissocier le rythme des procédures judiciaires et celui des négociations engagées avec le régime iranien.
En fait, Vakili Rad aurait pu être renvoyé en Iran dès le 10 février, puisque le tribunal d’application des peines avait acté le principe de libération conditionnelle. Mais le ministre de l’Intérieur a décidé d’attendre le retour en France de Clotilde Reiss pour signer l’ordre d’expulsion de Vakili Rad, et boucler ainsi définitivement ce bras de fer aussi diplomatique que judiciaire.