Matteo Renzi était l'invité exceptionnel d'Anne Sinclair samedi matin sur Europe 1. Revivez en intégralité et en vidéo cette interview exceptionnelle du président du conseil italien enregistrée au Palazzo Chigi, à Rome, "le Matignon italien" :
Partie I :
Partie II :
# Les difficultés économiques de l'Europe : "l'Italie et la France doivent entreprendre des réformes structurelles"
"L'Europe a actuellement beaucoup de problèmes, en premier lieu économiques, et nous devons délivrer ce message difficile : ce n'est pas le problème de la France ou de l'Italie de changer la direction de l'économie en Europe, c'est le problème de toute l'Europe", a dit Matteo Renzi dont le pays assure actuellement la présidence de l'UE.
Le président du Conseil italien a salué le "programme d'investissements qui a été annoncé par Jean-Claude Juncker", le nouveau président de la Commission qui entamera son mandat en novembre et qui a annoncé 300 milliards pour d'investissement en Europe. "C'est une nouvelle direction, ce n'est plus seulement un pacte de stabilité, c'est un pacte de stabilité et de croissance", a insisté Matteo Renzi en évoquant aussi la volonté du directeur de la BCE, Mario Draghi, de vouloir donner 200 milliards d'euros pour les entreprises.
>> LIRE AUSSI - Matteo Renzi, le "Berlusconi de gauche"
Interrogé sur l'inflexibilité de l'Allemagne sur les dossiers économiques, Matteo Renzi a plaidé pour le dialogue : "se battre contre l'Allemagne serait une idée stupide. L'Allemagne a réalisé il y a dix quinze ans les réformes que l'Italie et la France n'ont pas réalisé", a t-il souligné.
Et le président du conseil italien d'insister : "l'Italie et la France, mais je parle surtout pour moi, doivent entreprendre des réformes structurelles". Pour, Matteo Renzi, il y va de "notre futur".
# Le pacte de stabilité : "pas la règle la plus adaptée"
Interrogé sur son changement de discours concernant le pacte de stabilité et la règle des 3% de déficit, lui qui, en campagne, parlait de "pacte de stupidité", Matteo Renzi a estimé que respecter les engagements de son pays était "une question de crédibilité" : "je dois respecter ce que nous avons dit", a-t-il insisté tout en glissant qu'à ses yeux, ce n'était "pas la règle la plus adaptée".
Le président du conseil italien n' a d'ailleurs pas caché vouloir "obtenir la flexibilité prévue par les traités".
>> LIRE AUSSI - Ce que Hollande pense de Matteo Renzi
# L'Ukraine : "délivrer un message clair et ferme à Poutine"
Se rappelant avoir assisté en 1995 à Srebrenica à "un génocide dans le silence de l'Europe", Matteo Renzi a rappelé que l'idéal européen n'était pas exclusivement économique : "l'Europe, ce n'est pas seulement Maastricht, pas seulement les chiffres… l'Europe, c'est aussi une valeur de civilisation", a-t-il dit. "L'Europe, cela ne peut pas être seulement parler de poissons dans la Méditerranée ou de vin français ou italien : le fil rouge de l'Europe qui va de Erbil, à Srebenica, Lampedusa et au cœur de l'Europe, c'est la dignité de l'homme", a t-il fait valoir.
Interrogé sur la situation en Ukraine et l'attitude à tenir vis-à-vis de la Russie, Matteo Renzi a appelé à mettre de côté "les expressions de la guerre froide". "Nous devons délivrer un message clair et ferme à Vladimir Poutine", a t-il dit concernant l'Ukraine en appelant le président russe à "revenir à la sagesse". Si c'était le cas, Matteo Renzi a laissé entendre que la Russie pouvait avoir un rôle à jouer sur les dossiers irakien, syrien et libyen.
# La gauche et l'exercice du pouvoir : "ne pas changer, c'est perdre l'idée même de la gauche"
Interrogé sur le débat qui fait rage en France concernant la gauche et l'exercice du pouvoir - à savoir garder coûte que coûte ses idéaux ou accepter de se confronter au réel - Matteo Renzi a tranché sans hésiter : "la gauche qui ne change pas ne s’appelle pas la gauche : c’est la droite", a t-il dit.
"Si nous ne changeons pas les choses", dans les pays dans lesquels la gauche est au pouvoir, "nous sommes des conservateurs", a-t-il aussi estimé. "Nous devons défendre les batailles d’idées, c’est très important", mais si ces batailles se font "sans le pragmatisme et la vision de monde que nous avons, nous allons perdre l’idée même de la gauche", a déclaré le successeur d’Enrico Letta à la présidence du Conseil des ministres.