"Peuple, révolte-toi contre les partisans de Ben Ali". C'est le slogan que scandaient les manifestants dans les rue de Tunis mercredi. Après avoir obtenu le départ de Ben Ali, la population tunisienne n'accepte pas le maintien de huit ministres du RCD dans la nouvelle équipe, notamment aux postes clés de l'Intérieur, de la Défense ou des Affaires étrangères.
Retour au gouvernement en pourparlers
Alors que le couvre-feu a été allégé de deux heures et que l'activité économique reprend doucement, des manifestations ont encore lieu dans tout le pays malgré l'interdiction de rassemblement. Une marche a été dispersée de façon musclée par la police à Tunis. Pour répondre à la colère des manifestants, des rencontres étaient prévues mercredi entre la grande centrale syndicale tunisienne UGTT, des partis politiques de l'ancienne opposition, et le Premier ministre pour déterminer dans quelles conditions les quatre ministres qui se sont retirés du gouvernement de Mohammed Ghannouchi seraient prêts ou non à le réintégrer.
D'ores-et-déjà, l'UGTT a maintenu son refus de participer au gouvernement de transition, en raison de la présence en son sein d'hommes de "l'ancien régime", a déclaré son secrétaire général, Abdessalem Jrad après une réunion avec le Premier ministre de transition Mohammed Ghannouchi. Le leader syndical devait également s'entretenir avec Mustapha Ben Jaâfar, président du Forum démocratique pour le travail et les liberté (FDLT), qui a "suspendu sa participation" au gouvernement.
Démission de Ghannouchi du RCD
Le Premier ministre, Mohammed Ghannouchi, et le président par intérim, Foued Mebazaa, ont par ailleurs tenté de calmer la colère de la rue et de donner des gages à l'opposition en démissionnant mardi du RCD qui a exclu de ses rangs l'ex-président Ben Ali et des proches collaborateurs liés à la répression.
Le nouveau gouvernement d'union nationale doit tenir son premier Conseil des ministres jeudi. Il devra étudier une éventuelle "amnistie générale" promise lundi par le Premier ministre. Autre sujet sensible à l'ordre du jour : l'application du principe de la séparation entre l'Etat et l'ancien parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD).
Un dernier bilan livré mercredi par l'ONU fait état de plus de 100 morts durant ces cinq semaines d'émeutes .