L’INTERVIEW. Rester emprisonné quatre ans, sans avoir eu droit à un procès. C’est ce que vit Jean-Pierre Marongiu, un entrepreneur français retenu au Qatar, dans des conditions difficiles. "Je suis dans un bloc où les néons sont allumés toute la journée, la climatisation glaciale, dans un espace ouvert avec une cinquantaine de prisonniers", décrit-il au micro d’Europe 1. "Je ne sais pas dans quel état je suis car nous n’avons pas de miroir", raconte le Français, qui parle d’une "perte d’identité".
Il y a quelques mois, Jean-Pierre Marongiu avait entamé une grève de la faim. Il l’a stoppée après les menaces d’isolement, ce qui l’aurait empêché de voir sa famille.
Une affaire de chèques sans provision. Il est retenu dans l’émirat du Golfe après une affaire de chèques sans provisions. Au moment où il avait signé ces chèques, affirme-t-il, l’argent était sur son compte. Il accuse son "sponsor", son partenaire de business qatari, de l’avoir retiré avant l’encaissement des chèques. Depuis son arrestation, Jean-Pierre Marongiu n’a pas pu avoir droit à un procès, ce qu’il dénonce : "Il y a 7 chèques sans provision et chaque chèque est passible de 1 à 3 ans de prison". Pour l’instant, il "purge un an". Une fois cette année écoulée, le prochain chèque sera analysé, et "on verra si je fais 1 ou 3 ans, je ne sais pas, on ne me le dit pas."
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"Sacrifié" sur l’autel des relations France-Qatar. Jean-Pierre Marongiu et sa famille en appellent aux autorités françaises, pour qu’il puisse avoir un procès. Mais ces dernières sont restées silencieuses, selon lui. "D'après ce que me disent mes avocats, il y a une chape de plomb sur tout ce qui concerne les relations entre la France et le Qatar", dit-il sur Europe 1. Le Français a "le sentiment d’être sacrifié sur l’autel des intérêts économiques et stratégiques de la France au Qatar". Son pays "se prosterne devant un bédouin", lance-t-il, amer.
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