Le calme est revenu samedi au petit matin à Istanbul, au terme d'une nuit de violents affrontements entre forces de l'ordre et manifestants opposés à un projet d'urbanisation. Au coeur des affrontements, la place Taksim, au centre de la mégapole turque, était débarrassée au lever du jour de l'épais nuage de gaz lacrymogènes qui la recouvrait depuis la veille. Des groupes de policiers en tenue antiémeute, bouclier au poing, et des véhicules blindés équipés de canons à eaux étaient en position en différents points de la place, à nouveau livrée aux passants malgré une odeur persistante de gaz. Dans les rues environnantes jonchées de débris, les commerces ont rouvert timidement.
Les affrontements qui ont embrasé le centre d'Istanbul ont débuté vendredi à l'aube avec l'intervention musclée de la police pour déloger quelques centaines de militants qui occupaient le parc Gezi, sur la place Taksim, pour y empêcher le déracinement de 600 arbres dans le cadre d'un projet d'aménagement urbain. Ameutés par les réseaux sociaux, de nombreux militants associatifs sont venus en renfort pour affronter les forces de l'ordre, rejoints au fil de la journée par beaucoup d'autres manifestants venus dénoncer la politique du gouvernement islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002.
Des dizaines de manifestants ont été blessés au cours de ses affrontements, Amnesty International évoquant vendredi le chiffre de plus d'une centaine. Les autorités n'ont donné aucun chiffre précis. Vendredi en fin de journée, le gouverneur de la ville Huseyin Avni Mutlu s'est contenté d'indiquer que 12 personnes étaient toujours hospitalisées en fin de journée, dont une femme victime d'une fracture du crâne, et qu'au moins 63 personnes avaient été interpellées.