Il était là pour l’attendre lundi devant l’amphithéâtre de l’Institut d’études politiques de Lille dont il est désormais l’un des étudiants. John Pinchao, un policier colombien otage des Farc pendant huit années, jusqu’en avril 2007, a ainsi retrouvé Ingrid Betancourt, détenue comme lui par la guérilla dans la jungle colombienne, libérée le 2 juillet 2008 et venue présenter son livre Même le silence a une fin.
"Nous avions rêvé ensemble"
Ces retrouvailles, les deux ex-otages, longtemps détenus dans le même camp, en avaient rêvé durant leur captivité. "On a tellement partagé de souffrances. On a tellement eu besoin les uns des autres. Avec Pinchao, on a préparé des évasions ensemble et nous avions rêvé ensemble : on s’était dit ‘un jour, on va être ensemble en France’. On a eu des moments très très durs mais parce qu’on est du bon côté maintenant de la vie, on peut en rire", a raconté Ingrid Betancourt au micro d’Europe 1.
John Pinchao, qui a choisi la France pour reconstruire sa vie, n’a pas caché son émotion. Et il a refusé de se joindre aux critiques formulées par d’autres ex-otages à l’égard d’Ingrid Betancourt. "L’exemple qu’elle a donné aux autres tout au long de notre captivité, c’est cela qui m’a donné la force et le courage de m’évader", a-t-il confié.
Pinchao a réussi à s'échapper
Pour retrouver la liberté, John Pinchao a en effet réussi là où Ingrid Betancourt a échoué à de nombreuses reprises : s'échapper. Il a passé au total 12 jours dans la jungle avant de croiser des indiens colombiens qui l’ont conduit jusqu’à un poste de police.
Mais son évasion n’a pas été vaine pour Ingrid Betancourt : une fois libre, c’est lui qui avait donné aux proches d’Ingrid Betancourt une preuve de vie de l’otage. Surtout, John Pinchao a donné à l’armée colombienne des renseignements qui ont permis de mener à bien, un an plus tard, l’opération Jaque qui a finalement permis la libération d’Ingrid Betancourt.