Un Franco-Norvégien figure sur la longue liste des victimes d’Anders Behring Breivik. Rolf Christopher Johansen-Perreau, Français par son père, norvégien par sa mère, se trouvait sur l’île d’Utoya le 22 juillet dernier lorsque le tueur a commis son forfait, rapporte dans son édition de jeudi Le Monde.
C’est même lui, jeune homme de 25 ans, qui avait organisé le camp des jeunes du parti travailliste ce vendredi-là. Un camp que Breivik a visé pour "assécher le recrutement" du parti du Premier ministre Jens Stoltenberg, responsable selon lui de l’"invasion musulmane".
A 20 ans, il conteste en public Stoltenberg
Rolf Chirstopher Perreau était un jeune homme brillant, gros travailleur et considéré comme la relève du parti travailliste norvégien. Il était connu du Premier ministre qui le tenait en estime depuis qu’il l’avait contesté lors d’un camp similaire en 2006, déjà sur l’île d’Utoya.
Alors âgé de 20 ans, le Franco-Norvégien s'était directement adressé au Premier ministre pour lui donner son avis sur la politique d'immigration du gouvernement. Jens Stoltenberg lui avait adressé par la suite une lettre de remerciement manuscrite, que Rolf Christopher Perreau conservait toujours sur lui.
En 2009, le jeune homme avait proposé de créer une loi pour que les lycéens aient le choix d’une filière professionnelle, proposition ajoutée dans le programme national. A 23 ans, l’étudiant de Trondheim était déjà considéré comme un talent en devenir.
"Rien ne pouvait l’arrêter"
Membre de la jeunesse travailliste depuis 10 ans, "il donnait tout pour ses convictions", témoigne dans la presse locale, reprise par Le Monde, une membre de la direction nationale du parti. "Rien ne pouvait l’arrêter. Il faisait le tour du pays, dormait dans son bureau pour finir son travail".
Rolf Christopher Perreau figurait en sixième position sur la liste des élections communales et municipales du 13 septembre, en Norvège. Il sera enterré vendredi, en présence du ministre de l’Industrie, selon le quotidien de l’après-midi. L'ambassadrice de France en Norvège, Brigitte Collet, assistera également à ses obsèques, a annoncé le ministère des Affaires étrangères.
Son frère de 15 ans, également présent sur l’île d’Utoya au moment du drame, est parvenu à fuir. C'est lui qui a contacté son père, Claude Perreau. "Il nous a téléphoné et nous a raconté que quelqu'un tirait sur des gens", a-t-il confié sur France Inter. "Il n'y a pas de place pour la colère quand il y a trop de souffrance", a ajouté le père des deux jeunes hommes. Le cadet, sain et sauf, est aujourd’hui traumatisé et suivi par des psychologues.