L’élection présidentielle américaine ayant livré son verdict, le camp républicain ne peut que constater l’étendue des dégâts : Mitt Romney a été largement battu par le président sortant Barack Obama, avec seulement 206 mandats de grands électeurs contre 303 à son adversaire, en attendant les résultats de la Floride.
Dès l’annonce de ces résultats, le camp républicain a tenté d’analyser les causes de ce revers. Dans le QG de Mitt Romney à Boston, certains de ses partisans avaient des mots très durs, en évoquant une "sacrée fessée" infligée au candidat républicain. Retour en détail sur les éléments qui ont conduit à l’inéluctable défaite de Mitt Romney.
Des primaires douloureuses. La campagne pour l’investiture républicaine a laissé des traces dans le camp républicain. Qualifié de "modéré du Massachusetts" par ses adversaires Rick Santorum ou Newt Gringrich, Mitt Romney a vu les arguments utilisés contre lui lors de la campagne interne des républicains repris par le staff d’Obama.
"Les Républicains dans une crise profonde" :
"Les Républicains dans une crise profonde"par Europe1frUn déficit d’image. Mitt Romney, brillant hommes d’affaires, n’a jamais réussi à se départir de son image de multimillionnaire, au caractère assez froid et sans charisme. Ses adversaires démocrates ne se sont d’ailleurs pas privés de le dépeindre comme "le candidat des riches", coupé des préoccupations de la majorité des Américains. A Boston, mercredi, des partisans de Romney se montraient parfois cruels : "On savait depuis le début qu'un candidat médiocre ne suffirait pas, mais on s'était rassemblés autour de lui malgré tout", avouait ainsi, l’un d’entre eux, Joe Ryan.
De multiples gaffes. Outre ses dérapages de début de campagne sur des questions géopolitiques, Mitt Romney a commis plusieurs gaffes dévastatrices. Parmi celles-ci, son fameux "Je n'ai pas à me soucier de ces gens", en référence aux 47% d'Américains ne payant pas d'impôt sur le revenu. Par la suite, Mitt Romney a également provoqué l’ire de nombreux Américains en fustigeant la "mentalité de victimes" des électeurs Barack Obama.
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Une idéologie floue. "Romney n’a pas de substance", a martelé durant toute la campagne l’équipe d’Obama. En cause, les différentes variations opérées par le candidat républicain. De fait, Mitt Romney avait mis entre parenthèses une partie des thèses chères aux Républicains pour se faire élire gouverneur du Massachusetts en 2003. Il avait alors été accusé de "conservatisme tiède". Lors des primaires républicaines, l’un des conseillers de Romney avait également provoqué les sarcasmes après avoir a déclaré que son candidat n'aurait aucune difficulté à faire oublier ses prises de position très conservatrices pour adopter une posture plus à gauche en vue de l’élection.
Un parti tiraillé. Dans son propre camp, Mitt Romney a dû faire le grand écart entre l’aile droite du parti, représenté par les très conservateurs membres du Tea Party, et une frange plus modérée. De même, entre une base ouvertement anti-immigration et des éminences comme Jebb Bush ou Karl Rove préconisant de ménager l’électorat hispanique pour remporter les Swing States, le Parti républicain a choisi de respecter sa base. Au final, plus encore qu'en 2008, les électeurs Hispaniques ont voté en masse pour Barack Obama, à 71% contre 67%, selon les sondages de sorties d'urnes réalisés mardi. Le chiffre est encore plus haut pour les Asiatiques (73%) et les Noirs (93%).
L’ouragan Sandy. Elément extérieur à la campagne, l’ouragan Sandy survenu dans la dernière ligne droite de l’élection a vraisemblablement desservi les intérêts de Mitt Romney, le condamnant à observer le président Obama imposer son statut de commandant en chef, coordonnant les secours. Cette catastrophe naturelle a sans doute contribué à alourdir la défaite de Romney, mais elle ne peut toutefois être avancée comme étant la seule responsable de sa défaite. On l’a vu, le candidat républicain avait accumulé, tout au long de sa campagne, de trop nombreux handicaps.