Pour le camp démocrate, ces révélations sont du pain-béni. Le candidat républicain Mitt Romney, issu du monde de la finance, est embarrassé par son passé et notamment par la période passée à la tête du fonds d’investissement Bain Capital. Cette société aurait en effet à son actif plusieurs faillites et délocalisations après des rachats d’entreprises, comme Samsonite, note Le Monde.
Un bilan gênant pour un candidat qui met régulièrement en avant son expérience du secteur privé, présentée comme un atout pour l’emploi des Américains. En 2004, Bain Capital, qui n’était alors plus dirigé par Mitt Romney, est devenu le principal actionnaire de Samsonite et de son site français.
30 millions de dollars aux îles Caïmans
En peu de temps, le fonds d’investissement a aspiré 50 millions de dollars, soit 41 millions d’euros, via des fonds placés aux îles Caïmans, un paradis fiscal, laissant l’entreprise exsangue, selon Le Monde. Les repreneurs de Samsonite France ont ensuite été accusés d'avoir provoqué la faillite de l’entreprise, et viennent d’être condamnés en appel à des peines de prison ferme.
Des cas similaires, survenus quand Mitt Romney était encore à la tête de Bain Capital, ont été recensés par la presse américaine. Chez Dade Behring, une société fabriquant des appareils médicaux, le fonds du républicain est entré au capital en 1994. En 2002, l’entreprise a fait faillite. Entre-temps, Bain Capital et d’autres fonds d’investissement ont réclamé la somme de 420 millions de dollars, soit 381 millions d’euros, d’après le New York Times.
Le magazine Vanity Fair s’est de son côté penché sur la fortune colossale de Mitt Romney, estimée à 250 millions de dollars, dont 30 millions sur des comptes aux îles Caïmans.
"Un jeu auquel nous jouons tous"
L’équipe de campagne de Barack Obama s’est évidemment saisie de l’affaire, multipliant les attaques contre le candidat républicain ces derniers jours, à grands coups de clips télévisés. Un court spot diffusé pendant le week-end montre ainsi Mitt Romney en train de chanter "America, the beautiful", avec les messages suivants : "L’entreprise de Mitt Romney a envoyé des emplois au Mexique", "En tant que gouverneur, Mitt Romney a délocalisé des emplois en Inde", ou encore : "Il possède des millions sur un compte en Suisse".
Le clip de campagne "Firms" :
L’intéressé, lui, s’est défendu en assurant que son compte aux îles Caïmans était "un compte établi par une société américaine pour permettre aux investisseurs étrangers d’investir dans l’économie américaine sans être imposés en dehors de leur pays". Et il a reçu le soutien du sénateur républicain Lindsey Graham, pour qui "c’est vraiment américain d’essayer de contourner les impôts, de façon légale", note le New York Magazine. "C’est un jeu auquel nous jouons tous".