Presque tous les sites des grands quotidiens italiens en font leur Une. Alors que le procès de l’affaire dite du Rubygate s’ouvre mercredi au tribunal de Milan, les députés italiens ont adopté une motion qui pourrait faire reporter cet événement politique, juridique et médiatique majeur. La Chambre, dominée par une majorité de droite, a voté en faveur d’une motion pour soulever un "conflit d’attribution" devant la Cour constitutionnelle. En clair, les juges de Milan pourront décider mercredi de suspendre le procès, en attendant l’avis des Sages.
Cette motion affirme que le tribunal de Milan n’est pas compétent pour juger Silvio Berlusconi, et que seul un "tribunal de ministres", collège de magistrats constitués pour l’occasion, pourrait juger le Rubygate. Si les juges milanais choisissent de suivre la motion, une éventuelle décision sur le fond n’interviendrait que début 2012. Et les députés devraient donner leur autorisation pour que le président du Conseil soit jugé. Fort improbable compte tenu de la composition de la Chambre.
Le vote s'est joué à douze voix
Une majorité de droite qui s’est serré les coudes mardi pour soutenir son Cavaliere, souligne La Repubblica, qui place le Rubygate en home de son site. "Dans la salle, étaient présents les ministres du gouvernement au grand complet", affirme le quotidien classé à gauche, qui énumère le nombre impressionnant de ministres assis sur les bancs de la Chambre des députés.
Le site de La Stampa, quotidien plus modéré, surtout lu dans le nord de l’Italie, fait également sa Une sur le "feu vert" des députés au "conflit d’attribution". Et souligne que les trois députés libéraux-démocrates (centristes) ont voté comme la majorité de droite. Un détail qui a son importance puisque le vote s’est joué à douze voix.
Douze voix sur lesquelles titre le quotidien économique Il Sole 24 Ore sur son site : "L’affaire Ruby : la Chambre dit OK au conflit d’attribution avec douze votes d’écart", proclame le troisième onglet de Une. Et d’insister, comme La Repubblica, sur le soutien du gouvernement, dont les membres étaient très présents à la Chambre. Si bien que deux ministres "La Russa et Meloni", "n’ont pas trouvé de place".
"La politique est sortie de scène"
Le quotidien communiste L’Unità publie même une vidéo des débats houleux lors du vote de la motion mardi. On peut y voir, outre des bancs pleins à craquer, l’ovation de l’opposition à Dario Franceschini, chef des députés du Parti démocrate (gauche).
Le quotidien spécialiste de l’international Il Tempo ne titre pas sur le procès Berlusconi, mais il en fait le sujet de son éditorial, intitulé : "la politique est sortie de la scène". L’édito fustige un procès "dégénératif", et "une crise de la démocratie". Ni plus ni moins. Mais le journaliste s’en prend aussi à l’opposition, qui "ne fait pas de contre-proposition".