En Russie, on est prié de ne pas jurer comme un charretier. Le Parlement de Moscou a adopté la semaine dernière une loi punissant toute utilisation de gros mots lors de performances publiques, aussi bien au cinéma que dans les théâtres ou les salles de concert, rapporte The Guardian. Il faut encore que le texte soit promulgué par le président Vladimir Poutine avant d'entrer en vigueur.
Des amendes plus ou moins élevées. Tout contrevenant s'expose à une amende allant de 2.500 roubles pour un simple citoyen, soit 50 euros, à 100.000 roubles pour une entreprise, soit près de 2.000 euros. Au bout de plusieurs infractions, les artistes ou les entreprises au langage peu châtié risquent une suspension ou une cessation d'activité temporaire. Les livres, films ou disques contenant du langage vulgaire devront par ailleurs être vendu dans un emballage spécifique, avec un avertissement.
La même loi pour les médias. Le quotidien britannique explique que les contours de la loi ne sont pas très clairs et ne précisent pas quels sont les mots à bannir. Le texte évoque seulement "les mots et expressions qui ne sont pas à la hauteur des normes de la langue littéraire russe moderne". Une loi similaire existe déjà pour les médias. L'agence de presse Rosbalt en a déjà fait les frais, puisqu'elle a été fermée brièvement pour avoir publié des vidéos contenant des insultes.
Pouchkine sous le coup de la loi. La nouvelle loi, elle, est décriée dans les milieux artistiques. Pour le "Bono russe" Iouri Chevchouk, star du rock, cette loi se place dans le cadre d'une tendance de plus en plus conservatrice en Russie, qui risque de "dériver vers un âge sombre". Dans le domaine littéraire, des auteurs n'ont en outre pas manqué de souligner qu'un grand nombre de géants de la littérature russe, comme Soljenitsyne, Pouchkine ou Maïakovskyi, tombaient sous le coup de la loi.