L’un est rompu à l’exercice, mais connu pour ses gaffes monumentales. L’autre a peu d’expérience, mais sa jeunesse et son charisme constituent des atouts solides. Les colistiers de Barack Obama et Mitt Romney, Joe Biden et Paul Ryan, devaient s’affronter en débat jeudi soir dans le Kentucky. Le duel probalement moins suivi que celui opposant les deux prétendants à la Maison-Blanche, mais certainement crucial, notamment pour le camp démocrate, en perte de vitesse après la prestation décevante de Barack Obama.
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Sur les épaules de Joe Biden, l’actuel vice-président, repose donc la lourde tâche de tenter de redorer le blason démocrate et d’attaquer le camp républicain, ce que Barack Obama n’a pas réussi à faire. Vétéran de la politique, élu six fois au Sénat, cet homme de 69 ans est apprécié des Américains malgré un gros défaut : sa propension à laisser échapper des bourdes.
Des sorties maladroites
La dernière en date remonte au début du mois, quand il a affirmé que la classe moyenne, un thème qui lui est cher, avait été "dévastée ces quatre dernières années". Soit depuis que Barack Obama est au pouvoir n’ont pas manqué de noter ses adversaires. "Je suis d’accord avec Joe Biden, la classe moyenne a été dévastée ces quatre dernières années, et c’est la raison pour laquelle nous avons besoin d’un changement en novembre", avait aussitôt réagi l’équipe de campagne de Mitt Romney sur Twitter.
Agree with @joebiden, the middle class has been buried the last 4 years, which is why we need a change in November #CantAfford4More— Mitt Romney (@MittRomney) October 2, 2012
En août, il avait eu une autre sortie maladroite. Dans un discours dans l’ancien État esclavagiste de Virginie, il avait affirmé que les propositions du candidat républicain sur les banques revenaient à "remettre des chaînes aux pieds des Américains".
Physique d’acteur
Face à lui, Paul Ryan, 42 ans, jeune faucon républicain au physique d’acteur, devrait jouer les mouches du coche pour pousser Joe Biden à la faute. Jusqu’ici, il a plutôt réussi à éviter les gaffes, contrairement à la colistière de John McCain en 2008, Sarah Palin, et à l’inverse aussi du candidat Mitt Romney.
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Mais Paul Ryan a beau avoir passé la moitié de sa vie au Capitole de Washington, il n’a jamais débattu au niveau national, souligne le Washington Post. Il est d’ailleurs bien conscient de ce qui l’attend. "J’imagine que le vice-président [Joe Biden] va m’envoyer des boulets de canon", a-t-il confié au quotidien.
Des dossiers à travailler
Habitué aux débats au sein du Congrès, il devra faire attention à ne pas employer un ton trop professoral et se mettre à la portée de l’Américain moyen.
La jeune coqueluche des républicains devra aussi travailler ses dossiers, souligne le San Francisco Chronicle : interrogé récemment sur les détails du plan fiscal de Mitt Romney, il a botté en touche, affirmant que le sujet était trop compliqué pour qu’on puisse l’évoquer à la radio ou à la télévision. L’excuse ne tiendra pas dans un débat de 90 minutes.