Il est un adepte du style décontracté et des survêtements dès que c’est possible. Il monopolise les caméras de télévision. Il dirige avec brio un des principaux partis politiques italiens. Et il s’appelle Matteo. Pas Matteo Renzi, non, mais Matteo Salvini. Il est le secrétaire général de la Ligue du Nord, le parti d’extrême-droite italien. Les deux hommes politiques, 41 ans pour Salvini et 39 ans pour Renzi, sont issus de la même génération de militants et adoptent le même genre de décontraction à apparaître en public. Mais là s’arrête la comparaison.
Si Matteo Salvini se montre régulièrement sous le feu des projecteurs, le message qu’il entend faire passer est bien différent de celui du chef du gouvernement italien. Le 18 octobre dernier, il s’affichait dans une manifestation contre "l’invasion des clandestins", rappelle Panorama, dans un article traduit par Courrier international. Le défilé s’est tenu à l’appel du parti d’extrême-droite indépendantiste et anti-immigration de Salvini.
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Marine, un modèle. Sur les bancs des non-inscrits au Parlement européen, les cinq eurodéputés de la Ligue du Nord se sont rapprochés des parlementaires FN, dont ils partagent la rhétorique anti-Europe et avec qui ils aimeraient former un groupe de députés. Marine Le Pen a d’ailleurs invité Matteo Salvini au congrès de son parti à Lyon, le 29 novembre dernier. "J’admire le FN pour avoir su parler à tous : riches et pauvres, gauche et droite. En Italie, ce sera un travail plus difficile car les divisions régionales et politiques sont vivaces. L’histoire de nos formations est différente. Nous restons autonomistes. Mais pour le reste nous partageons 95 % des objectifs", disait-il du travail du parti frontiste.
Arrivé à la tête d’une Ligue du Nord moribonde en 2013, Matteo Salvani a su redresser la barre. Après le flop des élections générales où le parti d’extrême-droite a fait un piteux score de 4%, il l’a rénové en prônant paradoxalement un retour aux sources et une épuration pour faire oublier les affaires en série de l’ancien chef Umberto Bossi et son entourage. A l’instar de Marine Le Pen, dont le travail l’impressionne et qu’il côtoie, Salvini a changé l’image de son parti et commence à recruter des sympathisants au-delà de son électorat traditionnel.
Un phénix. De 4% en 2013, le parti est remonté à 6% lors des élections européennes et retrouve désormais les 10% d’intentions de vote dans certains sondages. 20,8% des citoyens avaient une opinion favorable de lui, mi-octobre. "C’est un type remarquable, il a de très grandes qualités politiques. C’est un énorme bosseur. Il a donné l’impulsion, au bon moment, pour faire de son parti un mouvement national", disait de lui au Monde la patronne du FN qui le côtoie au Parlement de Strasbourg où les deux formations sont alliées.
Il y a trente ans, la Ligue du Nord défendait une politique anti-européenne, xénophobe et indépendantiste. L’indépendantisme passe désormais après les deux autres thématiques (ce n’est pas assez rassembleur), mais la recette fait toujours des miracles. Anti-clandestin, anti-euro, anti-impôts, "l’autre Matteo" tente désormais d’implanter la Ligue du Nord dans le sud du pays. Une ambition que craint le Matteo Premier ministre, qui s’inquiète de l’implantation en Italie d’une "droite idéologique". Mais Salvini peut compter sur le soutien du parti de Berlusconi, avec qui il envisage de s’allier. Une coalition élargie, un peu comme celle de Matteo Renzi.
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