Gotson Pierre, journaliste à Port-au-Prince, décrit la situation après Sandy.
Plus de cinquante morts, des infrastructures dévastées et des récoltes détruites : Haïti a été durement touché par le passage de l’ouragan Sandy. L’état d’urgence a été décrété par le gouvernement pour une durée d’un mois dans ce pays qui peine encore à se remettre du séisme dévastateur de 2010. Un appel à l’aide internationale a aussi été lancé. Gotson Pierre, journaliste haïtien à Port-au-Prince, a fait le point sur la situation au micro d’Europe 1.
• Quelle est la situation après le passage de Sandy ? Des maisons détruites, de grandes inondations, des plantations ravagées : c’est l’image que présente Haïti aujourd’hui, avec des routes coupées et des ponts détruits. L’agriculture a aussi été très touchée. Cela va avoir des conséquences énormes sur les prix des aliments. L’ouragan est arrivé après une longue sécheresse, les aliments manquaient déjà et plus de 2 millions de personnes pourraient souffrir de malnutrition à cause de ces phénomènes. Quant au choléra, il a déjà fait une cinquantaine de morts maintenant. C’est terrible, surtout que des hôpitaux ont été inondés et qu’on n’a pas remis en place des centres de traitement du choléra.
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• Dans quel état d’esprit sont les Haïtiens ?
On se demande si on n’a pas rendez-vous avec ces phénomènes qui reviennent chaque année… Des questions sont posées sur la capacité d’administrer ce genre de situations, qui ne sont pas imprévisibles. Chaque année ça va revenir entre juin et septembre. Chaque année, des dizaines d’ouragans se forment au niveau de la région entre juin et septembre. On se demande comment les responsables au niveau de l’État n’arrivent pas à prévoir des lieux d’hébergement, des interventions nécessaires et appropriées sur les infrastructures et des stocks d’aliments pour pouvoir répondre au moment opportun.
• Les médias ont beaucoup couvert le passage de Sandy aux Etats-Unis, mais très peu à Haïti, qu’en pensez-vous ? C’est tout à fait choquant. Surtout que dans le cas d’Haïti, il y a un impact énorme du phénomène, en termes d’ampleur des dégâts. On s’imagine que, normalement, la presse devrait s’intéresser à ça. Y a-t-il des degrés de valeur au niveau de la mort et des dégâts, qui font qu’on considère plus ce qui se passe dans une région que dans une autre ? Il y a des pays qui sont sous les projecteurs et d’autres qui sont délaissés.