La campagne a été mise sur "pause", ouragan oblige. L’ouragan Sandy est ce que les Américains appellent la "surprise d'octobre", c’est-à-dire un événement capable de bouleverser l'élection présidentielle à seulement une semaine du scrutin.
Mais si les deux candidats à la Maison-Blanche disent ne pas vouloir tirer profit de la catastrophe pour s’attirer quelques voix supplémentaires lors du scrutin du 6 novembre prochain, l’ouragan Sandy pourrait faire la différence parmi l’électorat indécis.
La bonne première réaction
Un agenda très vite ajusté. Le président Obama a vidé son agenda de mercredi, où il devait se rendre dans l'Ohio pour se consacrer aux secours aux sinistrés de Sandy. Il n'a tenu aucune réunion électorale depuis samedi, dans une période habituellement saturée en déplacements.
Dans le même temps, Mitt Romney, qui n'a pas de fonction exécutive, a continué à sillonner les Etats clés du Midwest, y compris lundi après-midi à quelques heures de l'arrivée de la méga-tempête. Mais le républicain s’est rapidement adapté à la situation en transformant une réunion publique mardi à Kettering dans l'Ohio en rassemblement d'"aide" aux sinistrés.
Avantage pour Barack Obama
La complexe mécanique électorale américaine et l'incertitude générale du scrutin rendent prématurée toute analyse électorale sur l'impact de la catastrophe sur le résultat du 6 novembre. Ni Mitt Romney ni Barack Obama ne veulent paraître exploiter le passage du cyclone à des fins électorales.
Obama est "formidable". Barack Obama a reçu un hommage aussi inattendu que bienvenu de la part de l'un des plus solides soutiens républicains de Mitt Romney, le gouverneur du New Jersey Chris Christie. Ce dernier, qui depuis le début de la campagne ne ménage pas ses critiques contre le démocrate, a fait le tour des télévisions mardi matin en félicitant le président pour sa gestion décisive de l'assistance fédérale à son Etat. "Le président a été formidable. Je lui ai parlé trois fois hier, il m'a appelé la dernière fois à minuit pour me demander ce dont j'avais besoin, et je lui ai demandé d'accélérer la déclaration de catastrophe majeure", a expliqué sur la chaîne MSNBC Chris Christie.
Romney doit trouver sa place. Du côté du candidat républicain, le créneau est plus difficile à trouver. "La priorité est la sécurité et l'aide aux victimes", a, pour sa part, déclaré un proche de Mitt Romney. "Les décisions de campagne doivent prendre cela en compte". Mais ne pas faire campagne, pour le républicain, signifie être pénalisé à la fin d'une course extrêmement serrée.
L’extrait qui fait mal
Passé le temps de l'urgence, Mitt Romney pourrait être interrogé sur des propos tenus en juin 2011 sur le rôle de l'Etat fédéral dans les catastrophes. Il estimait à l’époque que le budget de l'Agence fédérale chargée des situations de crise (FEMA) soit réduit ainsi que son rôle. Or, c’est cette agence qui a permis la bonne gestion de l’ouragan lundi.
Certains médias rediffusaient l’extrait dans lequel Mitt Romney déclarait qu"à chaque fois qu'on a l'occasion de prendre quelque chose de l'Etat fédéral et de la confier aux Etats, c'est la bonne direction à prendre. Et si on peut aller encore plus loin et la confier au secteur privé, c'est encore mieux
Une position qui pourrait mettre à mal le candidat républicain. De plus, le passage de Sandy pourrait réveiller d’anciennes colères et frustrations de certains Américains qui gardent un très mauvais souvenir de la gestion de l’ouragan Katrina, en 2005, par le républicain George W. Bush.
L'institut Gallup a confirmé mardi que son sondage politique quotidien était suspendu depuis lundi et qu'il ne reprendrait probablement que jeudi.