"Des grands mots, des petits actes". Au lendemain de la rencontre Sarkozy-Merkel à Paris, le titre du site Internet du quotidien Der Spiegel résume bien le sentiment d'attente qui domine désormais outre-Rhin.
Et le journal de filer une métaphore entre le lieu de la rencontre - un palais de l'Elysée sous les échafaudages - et les conclusions du sommet - elles aussi "en travaux" malgré les annonces pleines d'emphases.
Au-delà du "brio réthorique" indéniable d'"Anschäla" et "Nikola" (Spiegel s'amuse de la façon dont la chancelière allemande et le président français prononcent leurs prénoms respectifs), la presse allemande attend du concret.
"Sarkozy et Merkel ont conclu par ce qu'ils devaient le faire"
Dans un article intitulé "Un roulement de tambour de Merkel et Sarkozy", le Tagesspiegel estime ainsi que les annonces "théâtrales" faites par Merkel et Sarkozy constituent "le premier jalon d'une politique économique et financière européenne qui ait été posé depuis l'introduction de l'euro". Mais le journal invite toutefois à ne pas se réjouir trop vite : "on peut juste espérer que Merkel et Sarkozy n'ont pas sorti leur dispositif comme un lapin de son chapeau mais qu'ils se sont auparavant concertés avec les chefs de gouvernement à Madrid, Rome, La Haye et Lisbonne, pour ne citer que les plus importants".
"De l'austérité allemande pour la zone euro", titre de son côté le Financial Times Deutsclandqui voit plutôt d'un bon œil l'extension du principe de la règle d'or (visant à limiter les déficits), déjà en vigueur en Allemagne. Mais le journal économique relativise toutefois : "on ne sait pas ce qui va se passer d'ici là".
Pour le quotidien conservateur Die Welt, "Merkel et Sarkozy se battent ensemble" pour l'Europe. Le quotidien populaire Bild est plus ironique : "Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont discuté et conclu par ce qu'ils devaient le faire".
"Beaucoup de bruit pour rien"
La presse allemande relaie aussi les réactions des politiques allemands. Sans surprise du côté de la CDU, parti d'Angela Merkel, on salue une "percée historique pour un avenir stable pour l'Europe". Au sein même de la majorité toutefois, des voix discordantes se font entendre sur l'idée des euro-obligations, rejetées jusqu'à présent par Berlin.
C'est précisément sur ce point que se focalisent les critiques de l'opposition. Le SPD déplore la frilosité d'Angela Merkel sur le sujet. D'autant que, selon le leader du SPD "on pouvait clairement comprendre que le président français n'excluait pas des eurobonds". Laconiques, les Verts allemands ont, quant à eux, déploré "beaucoup de bruit pour rien".