Si son bilan humain et matériel est loin d’être établi, le séisme qui a frappé vendredi le Japon rejoint les plus grands tremblements de terre de l’histoire. Doublée d’un tsunami qui menace l’ensemble des côtés du Pacifique, la secousse nippone se révèle être la plus violente enregistrée dans l’archipel depuis 140 ans. D’une magnitude de 8,9 sur l’échelle de Richter, le séisme surpasse les tumultes de Kanto en 1923 (7,9) et ses 140 000 morts.
Sur un plan régional, le scénario vécu par le Japon renvoie logiquement au séisme de Sumatra du 26 décembre 2004. Une vague d’une dizaine de mètres submergea alors les littoraux des pays d’Asie du sud-est. Pour un funeste bilan : 227 000 morts. Le spectre du tsunami meurtrier de 2004 plane sur la lame de fond qui progresse actuellement.
L’Asie, terre maudite ?
Le continent asiatique a souvent été le cadre de cataclysmes d’envergure. Particulièrement marquée par la tectonique des plaques, cette zone renferme les séismes les plus meurtriers du XXème siècle.
En outre, la Chine a vécu les pires secousses de l’époque contemporaine. En attestent les tremblements de terre de Gansu (1920) et de Tangshan (1976) qui ont fait chacun autour de 200 000 morts. Il y a trois ans, le sol tremblait dans la province du Sichuan pour un bilan de 90 000 morts. Régulièrement touchés, l’Inde (2001), le Pakistan (2005) et l’Iran (2003, 1990) voisins ont enregistré plusieurs dizaines de milliers de décès.
L’Amérique meurtrie
A la croisée des plaques tectoniques, le continent américain a subi plusieurs secousses historiques. En 1906, le séisme de Santiago du Chili a fait 20 000 morts. A l’instar de celle de San Francisco la même année, elle représente l’un des premiers cataclysmes du XXème siècle. Dans ce même pays, la secousse la plus violente (9,5 sur l’échelle de Richter) a d’ailleurs été enregistrée au seuil des années 1960. Le Guatemala est frappé à son tour par un tremblement de terre meurtrier (23 000 décès) en 1976.
C’est dans l’espace des Caraïbes qu’a eu lieu le pire séisme depuis 1900. Le 12 janvier 2010, une douzaine de secousses touchent l’île d’Haïti. Ce drame est suivi d’une seconde réplique dix jours plus tard. Près de 230.000 morts sont dénombrés sur ce territoire déjà atteint par une extrême pauvreté. Sur un plan médiatique, l’image d’un pays littéralement à reconstruire demeure.
L’Europe, zone épargnée ?
Au regard de cette liste noire, l’Europe apparaît comme à l’abri de tels cataclysmes. Car aucune secousse d’envergure n’a été notée depuis le séisme de Messine ( Italie) en 1908 et ses 100 000 morts. Pourtant, la zone méditerranéenne se caractérise par sa grosse activité sismique. Aux portes de l’Europe, la Turquie a déjà vécu de nombreux tremblements de terre. Le dernier en date est celui d’Izmit en 1999 qui a fait 20 000 décès.
Les siècles précédents attestent néanmoins des multiples tremblements de terre qui ont touché l’Europe. Choqué par le séisme de Lisbonne de 1757, le philosophe Voltaire consacra un chapitre à ce drame dans son conte Candide. Entre 50 000 et 100 000 Portugais périrent lors de cette catastrophe. « Voici le dernier jour du monde », écrivit l’homme des Lumières.