C'est un compromis pour mettre fin à la crise sénégalaise. L'ex-président nigérian Olusegun Obasanjo, chef de la mission d'observation de l'UA et de la Communauté économique et monétaire des Etats d'Afrique de l'Ouest a proposé samedi une "feuille de route" prévoyant le départ d'Abdoulaye Wade au bout de deux ans au lieu de sept, s'il est réélu à la tête de l’État dimanche.
"Le président Wade a indiqué que s'il remportait les élections, il aurait besoin de trois années (pour achever ses projets, ndlr). L'opposition ne veut pas qu'il reste plus d'une année. Nous avons décidé d'une proposition médiane et suggéré une durée de deux ans", a expliqué Olusegun Obasanjo en soulignant que le pays devait "échapper au chaos, à la tragédie, au désastre".
"Aucun camp n'a accepté" cette proposition, a cependant reconnu le chef de la mission d'observation de l'UA, qui a rencontré ces derniers jours le président Wade, l'opposition et des membres de la société civile.
Le porte-parole de la présidence, Serigne Mbacké Ndiaye, a rejeté samedi toute discussions avec l'opposition, sous la médiation d'Olusegun Obasanjo, en vue de reporter la présidentielle. "A ce sujet, je voudrais réaffirmer avec force, qu’aucune discussion n’est engagée par le président de la République ou par un quelconque mandataire désigné dans cette perspective", a-t-il dit dans un communiqué transmis à l’Agence de presse sénégalaise (APS).
Un peu plus tôt dans la journée, le Mouvement du 23 juin (M23), coalition de partis d'opposition et d'organisations de la société civile avait proposé l'organisation d'une nouvelle "élection présidentielle, élection à laquelle le président Wade s'engage à ne pas se présenter, dans un délai de six à neuf mois". Il demandait la mise en place au cours de cette période d'un Conseil constitutionnel et d'une Commission électorale indépendante, deux institutions aujourd'hui très décriées par l'opposition, ainsi que la nomination d'un "ministre de l'Intérieur apolitique" et une révision du code électoral.
Alain Juppé prône le changement
Le climat de violences, qui a fait au moins six morts et des dizaines de blessés depuis fin janvier, suscite une vive inquiétude au sein de la communauté internationale. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon a dit espérer une élection "pacifique et transparente" dimanche.
A Paris, le chef de la diplomatie française Alain Juppé a estimé que "la durée excessive de l'exercice du pouvoir peut poser problème" au Sénégal, où Abdoulaye Wade est au pouvoir depuis douze ans, dans un entretien au magazine Jeune Afrique à paraître lundi. "Il y a dans toute démocratie des moments où il faut bien organiser un passage de générations", a-t-il souligné, précisant que "la décision appartenait au peuple sénégalais".