Plus d'un millier d'opposants au régime du président sénégalais Abdoulaye Wade ont manifesté samedi à Dakar. Un mouvement de protestation qui intervient juste avant l'inauguration du monument controversé de la Renaissance africaine, plus haute que la statue de la Liberté de New York.
Les manifestants réclament notamment le départ du chef de l'Etat, 84 ans, au pouvoir depuis 2000. Ils ont défilé sans incident à environ 3 km de la statue, a constaté un journaliste de l'AFP. La marche avait dans un premier temps été interdite par les autorités avant d'être finalement autorisée samedi matin.
"Signons le départ de Wade"
Le monument doit être inauguré en fin d'après-midi en présence de plusieurs chefs d'Etat africains lors d'une cérémonie constituant le point d'orgue du cinquantenaire de l'indépendance de cette ancienne colonie française d'Afrique de l'Ouest, réputée pour sa stabilité politique.
"Signons le départ de Wade", "Le peuple exige une éthique de gouvernance et rejette la gestion mafieuse du clan Wade", pouvait-on lire sur des banderoles. Plusieurs leaders de l'opposition étaient présents, notamment le chef du Parti socialiste (PS, qui a dirigé le Sénégal de 1960 à 2000) Ousmane Tanor Dieng, ainsi que d'anciens Premiers ministres du chef de l'Etat passés à l'opposition comme Moustapha Niasse et Macky Sall.
Un monument imposé
Pour Moustapha Niasse, leader de l'Alliance des forces du progrès (AFP), "les raisons de cette marche dépassent le monument", et concernent aussi notamment la cherté de la vie et les entraves à la liberté de la presse.
Le monument en bronze représentant un couple et un enfant, construit par des Nord-Coréens dans un style vaguement soviétique, "n'a rien d'africain et le président Wade cherche à l'imposer au Sénégal et aux Africains", selon lui. Pour la députée de l'opposition, Ndèye Fatou Touré, il s'agit d'"un monstre économique et d'un scandale financier dans le contexte de crise" actuel, dans un pays où la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté.
15 millions pour une statue
Le coût de cette statue monumentale qui domine la capitale est estimé à plus de 15 millions d'euros, mais c'est surtout l'idée qu'un tiers des recettes puisse revenir au président Wade au titre de droits d'auteur comme concepteur de la statue qui a été vivement critiquée. Des chefs musulmans sénégalais y ont même vu un symbole d'idolâtrie, dans un pays majoritairement musulman.