Les bureaux de vote sont désormais fermés. Les Sénégalais sont allés voter en masse dimanche pour le premier tour de l'élection présidentielle opposant le président sortant Abdoulaye Wade à treize candidats d'opposition. Malgré les fortes tensions, aucun incident majeur n'est à déplorer. Aucun taux de participation officiel n'a été publié.
"Je trouve que c'est réjouissant de voir tant de citoyens sénégalais qui sont là pour aller voter, qui attendent leur tour calmement", a déclaré Thijs Berman, chef des observateurs de l'Union européenne, devant un centre de vote à Khar Yalla, quartier populaire de Dakar.
"Jusqu'à maintenant, je prie et j'espère que ce que nous avons vu dans les deux bureaux de vote que nous avons visités se répétera dans chaque bureau à travers le pays", a affirmé pour sa part Olusegun Obasanjo, ajoutant: "Si c'est le cas, je crois que nous pourrions avoir une élection pacifique et honnête".
Le président sortant, Abdoulaye Wade, a voté à Dakar, sous les huées de plusieurs centaines de personnes. Accompagné de son fils, de sa fille et du ministre de l'Intérieur, Ousmane Ngom, il a accompli son devoir électoral et est très vite reparti.
Empêcher "un coup d'Etat électoral"
Cette présidentielle se déroule dans un contexte particulièrement tendu. Des violences ont fait entre 6 à 15 morts en un mois. Un appel à "échapper au chaos" a été lancé par l'ancien président nigérian, Olusegun Obasanjo, qui est également chef de la mission d'observation de l'Union africaine au Sénégal. Sa proposition est simple : limiter à deux ans (et non sept ans), le mandat du président sortant, Abdoulaye Wade, 85 ans dont 12 au pouvoir, s'il est réélu dimanche.
En cas de réélection d'Abdoulaye Wade, l'opposition envisage une autre solution : elle appellera à une nouvelle élection, "dans un délai de six à neuf mois, "à laquelle le président Wade s'engage à ne pas se présenter". Il s'agit, selon elle, d'empêcher "un coup d'Etat électoral", que serait la proclamation de la victoire d'Abdoulaye Wade dès le premier tour.
Le président sortant se voit, quant à lui, élu "avec une majorité écrasante" dès le premier tour. Il affirme notamment : "une révolte des Sénégalais contre moi n'est pas pensable". Pour lui, les manifestants "sont manipulés par des politiciens machiavéliques".
Un président sortant contesté
Deux principaux points sont dénoncés par l'opposition. Le bilan du président est attaqué avec comme symbole fort, la statue pharaonique érigée sur une hauteur de Dakar... alors même que le village en contrebas vit en pleine misère.
La nouvelle candidature d'Abdoulaye Wade est aussi jugée "illégale" par l'opposition, pour qui il a épuisé ses deux mandats légaux après son élection en 2000 et sa réélection en 2007. Ses partisans soulignent, au contraire, que des réformes de la Constitution en 2001 et 2008 lui donnent le droit de se représenter.
Les déclarations de plusieurs candidats, dont le président Wade, demandant à leurs partisans de "sécuriser" le vote pour éviter toute fraude, font craindre des troubles dimanche.
Face au président sortant, 13 candidats, dont trois de ses anciens Premiers ministres, Moustapha Niasse, Idrissa Seck et Macky Sall, ainsi que le patron du Parti socialiste, Ousmane Tanor Dieng.