Le dernier fugitif réclamé par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), Goran Hadzic, a été arrêté, moins de deux mois après l’interpellation de Ratko Mladic, rapporte mercredi la télévision serbe B92. Une information confirmée ensuite par une source gouvernementale serbe. "Il a été arrêté. Je n'ai pas d'autres détails", a indiqué cette source, estimant toutefois que Goran Hadzic se trouvait déjà en milieu de matinée mercredi à Belgrade.
Le porte-parole du procureur serbe pour les crimes de guerre a annoncé mercredi que Goran Hadzic serait transféré vers le tribunal de La Haye au plus tard dans une semaine. De son côté, le TPIY s'est félicité de sa capture. "Nous pouvons désormais dire qu'aucune personne mise en cause n'a pu se soustraire à la procédure judiciaire. C'est un précédent d'une signification durable.
"Le transfèrement de Hadzic sous la garde du tribunal est un développement attendu de longue date par les victimes des crimes dont il est accusé", a déclaré Serge Brammertz, le procureur en chef belge du TPIY.
Arrêté dans une forêt
Le président serbe Boris Tadic a également confirmé l'arrestation de Goran Hadzic, lors d'une conférence de presse mercredi à 11 heures. "Par cela, la Serbie clôt le chapitre le plus difficile dans la coopération avec le Tribunal de la Haye", a-t-il ajouté.
Goran Hadzic, 52 ans, a été arrêté mercredi à 8h24 locales dans une forêt à Fruska Gora, une région située à une centaine de km au nord de la capitale Belgrade, selon les informations de B92, confirmées par Boris Tadic.
A l'origine de son arrestation : un tableau signé Amadeo Modigliani, a précisé le procureur serbe pour les crimes de guerre, Vladimir Vukcevic. La toile, Portrait d'un homme, aurait été découverte le 30 décembre 2010, lors de la perquisition du domicile d'un proche de Goran Hadzic, un certain Zoran Mandic. Cette découverte a mené les enquêteurs jusqu'au fugitif : ils soupçonnaient Goran Hadzic de s'être emparé de ce tableau, probablement pendant la guerre en Croatie (1991-1995). L'ancien responsable des Serbes de Croatie cherchait en fait à vendre l'oeuvre d'art, dont la valeur s'élève à plusieurs millions d'euros, pour financer sa cavale.
Accusé de crimes contre l'humanité
Quatorze chefs d’inculpation, dont les crimes contre l’humanité, sont retenus par la justice internationale à l’encontre du fugitif en cavale depuis 2004. Le TPIY lui reproche son implication présumée dans les meurtres de centaines de civils croates et la déportation de dizaines de milliers de Croates et autres non-Serbes par les troupes serbes pendant la guerre de Croatie, de 1991 à 1995.
De juin 1991 à décembre 1993, Goran Hadzic était le "président" de la "République serbe de Krajina", une république autoproclamée par des sécessionnistes serbes, qui représentait un tiers environ du territoire croate. Son nom est notamment lié au massacre de l'hôpital de Vukovar, en novembre 1991. 264 civils croates et autres non-serbes, qui s'étaient réfugiés dans l'hôpital de cette ville de l'est de la Croatie, avaient été exécutés par les forces serbes après avoir été battus et torturés.
Un "pas important" vers l'UE
Selon son acte d'accusation devant le TPIY, l'objectif de ce Serbe né en Croatie était "l'expulsion définitive d'une majorité de la population croate et non-serbe d'environ un tiers du territoire de la République croate", notamment par le transfert forcé de plus de 27.000 civils.
La Serbie peut désormais se targuer d'avoir arrêté les 44 inculpés que réclamait le TPIY, ce qui va lui permettre de promouvoir ses perspectives européennes. Dans un communiqué, l'UE a d'ailleurs salué avec force l'arrestation de Goran Hadzic par les autorités serbes", y voyant un "pas important" de Belgrade vers l'adhésion.
Goran Hadzic ferme également la liste des 161 inculpés que réclamait le TPIY pour leur rôle pendant les guerres en ex-Yougoslavie pendant les années 90.