Il était en cavale depuis des années. L'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, a été arrêté "aujourd'hui (jeudi) tôt dans la matinée", a annoncé le président serbe, Boris Tadic. "Le processus d'extradition est en cours", a-t-il dit.
Selon Radomir Diklic, l'ambassadeur de la Serbie en Belgique, contacté par Europe 1, Ratko Mladic se cachait "à Belgrade". Dans cette ville de quelque deux millions d'habitants, "c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin", a ajouté la diplomate.
"Seules 4 ou 5 personnes savaient où il était" :
Déféré devant le juge serbe
L'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, a été conduit jeudi soir devant le juge serbe pour les crimes de guerre, à Belgrade, qui doit lui signifier l'acte d'accusation à son encontre. Quelques journalistes ont aperçu Ratko Mladic de dos, entouré de deux gardes, se déplaçant avec difficulté, traversant la cour du Tribunal spécial pour les crimes de guerre où il était arrivé auparavant.
Ratko Mladic devait subir tout d'abord un examen médical, selon la procédure légale. Des sources proches du Tribunal ont précisé que Ratko Mladic, 69 ans, était en "assez mauvaise condition" physique. L'audition a été interrompue jeudi soir, en raison de l'état de santé de l'accusé, a indiqué à la presse son avocat, Milos Saljic. Les médecins détermineront vendredi si le "boucher de Bosnie" peut comparaître.
Son extradition pourrait prendre une semaine
Selon un proche de la famille, Ratko Mladic a été conduit au QG de la BIA, les services de renseignement serbes. Un responsable du ministère de l'Intérieur avait annoncé auparavant l'arrestation d'un homme présentant des ressemblances physiques avec Mladic. "Nous analysons son ADN", a dit ce responsable qui a requis l'anonymat. L'homme arrêté possédait des papiers d'identité au nom de Milorad Komadic. Il a été dénoncé par un informateur anonyme, a précisé ce responsable du ministère.
L'extradition de l'ancien chef militaire serbe vers La Haye, où siège le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, pourrait demander jusqu'à une semaine, a indiqué le Procureur serbe pour les crimes de guerre. Pour le moment, Ratko Mladic est toujours en Serbie. Il a comparu devant un juge d'instruction qui devait lui lire son acte d'accusation. Il se trouvait jeudi en fin d'après-midi dans le bâtiment du Tribunal spécial pour les crimes de guerre à Belgrade.
Inculpé de génocide
L'ancien général a été inculpé de génocide par le TPIY pour le massacre à l'été 1995 de 8.000 Bosniaques (Musulmans) à Srebrenica, dans l'est de la Bosnie, et pour le siège de Sarajevo (1992-95).
Le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie réclamait depuis des années son arrestation. Ratko Mladic était la principale personnalité encore recherchée par le TPI. Un autre fugitif, Goran Hadzic, un ancien dirigeant des Serbes de Croatie, est également en cavale.
UE : un "grand obstacle" a été franchi
Cette arrestation devrait maintenant dégager nettement la voie de la Serbie vers une adhésion à terme à l'Union européenne. L'arrestation de Ratko Mladic était une condition posée depuis longtemps par Bruxelles. "Un grand obstacle sur la voie serbe vers l'Union européenne a été levé", a estimé le commissaire européen en charge des négociations d'adhésion, Stefan Füle. Ce dernier, chargé d'évaluer la candidature de la Serbie, doit remettre son rapport en octobre prochain.
Belgrade a déposé sa candidature à l'UE fin 2009 et espère obtenir le statut de candidat au bloc des 27 d'ici décembre. Mais cette étape ne pouvait être franchie que si le TPI attestait d'une coopération pleine et entière de la Serbie avec la justice internationale dans le recherche de Ratko Mladic en particulier. Ce qui jusqu'ici n'avait pas été le cas.