"Je suis contente que quelqu'un ait enfin osé faire la démarche d'en parler". La médiatisation du documentaire belge sur le harcèlement de rue a donné lieu à de vifs débats mardi, notamment sur les réseaux sociaux.
Dans son projet de fin d'étude, Sofie Peeters, étudiante en cinéma, décrit le sexisme dont elle a été victime en emménageant dans un quartier populaire de Bruxelles. Sifflements, regards appuyés, propositions indécentes, insultes, Sofie Peeters a filmé en caméra cachée ces incivilités quotidiennes. Relayé par un grand nombre de médias belges et sur les réseaux sociaux, le travail de l'étudiante, Femmes de la rue, a ouvert le débat sur le harcèlement.
#harcelementderue en trending topics
Sur Twitter, deux écoles s'affrontent : ceux qui estiment que la réalisatrice a grossi le trait (des hommes généralement), ceux qui témoignent pour confirmer les incivilités dont sont victimes les femmes au quotidien. Ce genre de témoignages est regroupé sur Twitter sous mot clé : #harcèlementderue.
Depuis mardi, de nombreux tweets sont publiés sur le réseau social. Le hashtag #harcelementderue est d'ailleurs l'un des plus utilisés depuis mardi soir. En moyenne, environ une demi-douzaine de messages est publiée toute les minutes.
"Je ne mets presque plus de jupes"
"Quand tu te fais traiter de salope parce que tu n'as pas réagi a un 'hey mad'moizel'", raconte ParisienneDiary sur Twitter. "À 24 ans, je vais à l'école en jupe. Sur 500m je me suis faire siffler 5 fois. Je ne mets presque plus de jupes", confie Jessica sur le réseau social. "- T’es mignonne! Tu baises? - Merci mais non. - Grosse pute va. - …", se rappelle une autre internaute.
#harcelementderue quand tu te fais traiter de salope parce que tu n'as pas réagi a un "hey mad'moizel'"— JournalParisienne (@ParisienneDiary) Août 1, 2012
D'autres femmes insistent sur le côté récurrent de ces remarques. "Et si on raconte toutes les fois où des mecs t'insultent parce que t'es pas intéressée, on en a pour la soirée", commente Agnès Léglise, chroniqueuse sur Europe 1. Même son de cloche du coté de Farah : "En 140 caractères, ça va être chaud de tout dire. Je commence par laquelle ? Celle où j'ai pleuré à la fin, ou celle où on m'a suivie jusqu'à chez moi ?"
et si on raconte toutes les fois où des mecs t'insultent parce que t'es pas intéressée,on en a pour la soirée #harcèlementderue— agnesleglise (@Agnesleglise) Juillet 31, 2012
"Une grande part d'imaginaire"
Malgré tous ces témoignages, certains internautes septiques s'invitent dans la conversation. "Je vais encore me faire déchirer parce que j'ai osé dire ça, mais il y a une grande part d'imaginaire dans le concept", estime une internaute. Mathieu Géniole, blogueur pour Le Plus, a lui aussi émis des doutes sur l'aspect quotidien de ces incivilités, avant de revenir sur ses propos dans un billet de blog.
"Je m'en veux presque, en écrivant ces lignes, de ne pas avoir ouvert les yeux plus tôt, mais rien – je dis bien rien – ne m'a jamais laissé connaître ce phénomène", écrit-il sur Le Plus. D'autres internautes déplorent que le débat n'ait pas eu lieu plus tôt. "Genre il faut que #harcelementderue arrive pour que les mecs découvrent que ça existe.... On doit être bien con donc", commente Yvan.
Quoiqu'il en soit, la diffusion du documentaire a alerté les élus belges. Philippe Close, échevin à la commune de Bruxelles, a expliqué à la RTBF que ces insultes devraient être bientôt sanctionnées par des amendes administratives. Cette nouvelle loi devrait entrer en vigueur dès le 1er septembre.