Thaksin Shinawatra recherché. Un tribunal thaïlandais a émis mardi un mandat d'arrêt pour "terrorisme" contre l'ancien Premier ministre en exil, après les récentes violences qui ont secoué le royaume. La justice a ainsi "approuvé la requête du département des enquêtes spéciales (DSI)", a expliqué Naras Savestanan, chef-adjoint du DSI. Selon lui, il existe "suffisamment de preuves" pour faire arrêter Thaksin Shinawatra.
L'ex-chef du gouvernement, de 2001 à 2006, est l’icône de nombreuses "chemises rouges". Il a été renversé en 2006 par un coup d'Etat militaire et vit depuis en exil pour échapper à une condamnation à deux ans de prison ferme pour corruption. Thaksin Shinawatra a récemment démenti être le "cerveau des terroristes" et avoir sapé les négociations entre le gouvernement et les "chemises rouges", qui ont manifesté pendant plus de deux mois pour faire chuter le gouvernement d'Abhisit Vejjajiva.
Il risque la peine de mort
En février dernier, la Cour suprême l'avait également jugé coupable d'abus de pouvoir et gelé la moitié de sa fortune, soit 1,4 milliard de dollars. Si la procédure devait aller à son terme, il risque la peine de mort. Cependant, ce mandat d'arrêt semble surtout destiné à permettre au gouvernement d'obtenir son extradition. "Ce mandat facilitera notre travail avec les pays étrangers", a ainsi expliqué l'actuel chef du gouvernement, estimant que "beaucoup d'importance" était accordée à ce type d'accusation dans le monde.
Le couvre-feu prolongé
Le Premier ministre Abhisit Vejjajiva, dont les "rouges" demandent la démission, a appelé mercredi dernier la population à lui faire confiance. "Nous ramènerons ensuite la paix dans le pays, et nous nous relèverons", a-t-il affirmé. Les autorités thaïlandaises ont prolongé de quatre nuits supplémentaires le couvre-feu imposé la semaine dernière à Bangkok et dans 23 provinces du pays, après les violences meurtrières survenues dans la capitale.
Le couvre-feu avait été imposé mercredi dernier après la fin de l'assaut lancé par l'armée contre le quartier occupé dans le centre de la capitale par les manifestants antigouvernementaux. L'opération avait été suivie d'émeutes et d'incendies. Quiconque viole le couvre-feu est passible d'une peine de deux ans de prison maximum ou d'une amende de 40.000 baht (soit environ 1.000 euros).
Depuis la mi-mars, les violences ont fait 88 morts et 1.900 blessés.