La situation politique est électrique outre-Atlantique, après la fermeture, mardi à minuit pile, de l'Etat fédéral américain qui a conduit notamment quelque 800.000 fonctionnaires au chômage technique. Même s'ils n'ont pas réussi à s'entendre sur le budget - qui a conduit à ce "shutdown" - les deux principaux partis politiques semblent d'accord sur au moins un point : les soixante élus républicains issus du Tea Party sont responsables de cette situation. Nicole Bacharan, spécialiste des Etats-Unis et consultante d'Europe 1, explique pourquoi.
>> LIRE AUSSI : La bataille en cinq tweets
Pourquoi les élus du Tea Party sont sur le banc des accusés ?
Parce qu'ils refusent radicalement la réforme de la santé votée par Obama et s'obstinent à rajouter un article repoussant l'application de cette loi pendant encore un an. Et ils imposent cela au reste du parti républicain.
Le parti républicain peut-il contourner le Tea Party ?
Nonc, car sans eux, les Républicains n'ont pas de majorité à la Chambre des représentants. Ils ne peuvent pas les mettre à l'écart. 15 à 20% des élus républicains sont dans la mouvance Tea party. Le choix qui s'offre aux plus modérés parmi les républicains serait de voter le budget avec les démocrates. Mais c'est ce que John Boehner (le président républicain de la Chambre des représentants) se refuse à faire depuis des jours. Pourtant, ça finira peut-être comme ça, car le juge final, c'est l'opinion. Si cette dernière considère que le parti républicain est responsable du shutdown, il va falloir qu'il trouve moyen de s'en sortir, parce que cette mise au chômage technique est très, très impopulaire.
Quelle est la marge de manoeuvre des républicains ?
Tout le monde négocie. Lundi, Barack Obama a appelé John Boehner et ils ont discuté pendant dix minutes. Les deux chambres négocient aussi, tout comme les deux partis et, surtout, comme le parti républicain en interne. Ils ne vont pas se mettre d'accord aujourd'hui car il faut sauver la face. Les négociations vont durer entre quelques jours et deux semaines. Peut-être trouveront-ils d'autres points que la réforme de la santé sur lesquels on pourra avoir l'impression que ça a un peu lâché des deux côtés... Mais ce n'est pas de la science exacte.
A long terme, l'image du Tea Party pâtira-t-elle de cette position jusqu'au-boutiste ?
Elle pourrait en prendre un coup, oui. Ce sont quand même des extrémistes, ils ont un fonctionnement d'extrémistes. Ils sont persuadés d'avoir raison, d'incarner l'avenir. Et même si leur principal cheval de bataille - baisser les impôts et les dépenses de l'Etat de manière assez drastique - trouve encore écho au sein de la population, les candidats et les élus eux-mêmes perdent de la popularité. Mais pas assez pour perdre leur post à la chambre des représentants, qui a un fonctionnement bien particulier. Contrairement au président ou aux sénateurs, les représentants sont élus dans des petites circonscriptions qui ont bien été redécoupées pour rester conservatrices et où ils connaissent tout le monde. Ils s'y présentent tous les deux ans, et, d'une certaine manière, n'ont pas besoin d'être raisonnable - ou beaucoup moins - pour être élu, contrairement à un président ou un sénateur. Et ce sont eux qui bloquent.