L'info. Et si le scénario hollywoodien devenait réalité ? Rumeurs, fantasmes et spéculations vont bon train depuis que Sony a subi une cyberattaque massive, qui a notamment contraint le géant de l'industrie du cinéma à annuler la sortie de son film The Interview : la Corée du Nord serait derrière cette manœuvre audacieuse. Une hypothèse qui prend un peu plus d'épaisseur vendredi, avec une annonce du FBI.
Le bureau fédéral affirme que l'enquête sur l'attaque gouvernementale a pu établir la responsabilité de la Corée du nord, mais aussi l'implication potentielle de la Chine dans cette affaire. Pékin aurait joué un rôle soit parce que des Chinois auraient collaboré avec les hackers, soit parce que ces derniers auraient utilisé des serveurs chinois afin de masquer l'origine de leur attaque. L'attaque contre Sony n'est "pas un comportement acceptable pour un Etat", a conclu le FBI.
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Comment le FBI a pu mener l'enquête. Vendredi soir, les officiels du FBI ont expliqué qu'ils étaient parvenus à remonter la piste grâce à une analyse technique du logiciel malveillant provoquant l'effacement de données utilisé dans ce piratage a "révélé des liens" avec un autre logiciel malveillant que "le FBI sait avoir été développé par des Nord-Coréens". La police a notamment évoqué des "similarités" dans des lignes de codage spécifiques, le cryptage d'algorithmes et les méthodes d'effacement de données.
De plus, le FBI a observé des "chevauchements importants" entre les infrastructures de ce piratage et celles utilisées dans d'autres attaques directement attribuées par le gouvernement américain à Pyongyang. Enfin, la police fédérale a par exemple découvert plusieurs adresses IP --numéro d'identification d'un ordinateur connecté à internet-- associées à des infrastructures nord-coréennes connues, qui étaient inscrites dans les codes du logiciel d'effacement de données utilisé dans le piratage de Sony.
Une riposte dans la cyberguerre ? Certains experts, à l'instar de Bruce Bennett, analyste spécialisé dans la défense chez RAND Corporation, prônaient une réponse forte de la Maison-Blanche pour décourager "la Corée du Nord de mener des attaques encore plus sérieuses". Il a souligné que les Américains pourraient avoir recours à des répliques non conventionnelles comme faire passer des DVD de "L'interview" en Corée du Nord ou faire fuiter des informations compromettantes sur la famille Kim, qui gouverne le pays d'une main de fer. Barack Obama a tenu un discours de fermeté en déclarant qu'un "dictateur" ne pourra pas imposer la censure aux Etats-Unis, et que la Corée du Nord devait s'attendre à une réponse des Etats-Unis.
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La Chine potentiellement impliquée. "Il y a des indices selon lesquels les pirates informatiques ont travaillé depuis la Chine en utilisant des adresses IP chinoises. Si ça s'avère vrai, le rôle de Pékin devrait être dénoncé", poursuit M. Bennett. Pourtant, le président américain "himself" a déclaré que "rien n'indique que la Corée du Nord a agi avec un autre pays". Par ailleurs, le conseil de sécurité de l'ONU devrait tenir sa première réunion sur les violations de droits de l'Homme en Corée du Nord la semaine prochaine. Pyongyang a d'ailleurs répliqué dans la soirée après les accusations américaines, répondant que le pays n'avait "aucun lien avec le hacker".