Les millionnaires en tremblent déjà. Dimanche, les électeurs du canton de Berne devront voter sur la suppression du forfait fiscal. Considéré par certains habitants comme une injustice, il offre aux riches étrangers une taxation avantageuse. Les 5.000 fortunés exilés en Suisse sont plus exactement imposés sur leur train de vie et non pas sur leurs revenus réels.
Quatre cantons ont déjà sifflé la fin des privilèges. Mercredi, Bâle-ville, au nord-ouest de la Suisse, a voté la suppression en 2014 des forfaits fiscaux réservés à ces millionnaires étrangers.
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Le chalet de Johnny
Dimanche, une décision similaire pourrait donc être entérinée. Les premières "cibles" habitent dans la luxueuse station de ski de Gstaad où les résidents sont environ 200 à bénéficier de privilèges. C'est le cas du chanteur, Johnny Hallyday. Mais certains habitants ont de plus en plus de mal à supporter la différence de traitement avec leurs riches invités.
Si le fameux forfait fiscal est un sujet tabou au sein de la population, artisans et commerçants confient en "avoir marre" des privilèges accordés aux exilés fiscaux. L'un d'entre eux avoue "être obligé de vivre avec". "C'est leur argent qui nous fait vivre", explique-t-il.
Les saisonniers, eux, sont beaucoup plus critiques. L'un d'entre eux a dû partir à 20 km pour se loger car les grandes fortunes ont fait flamber le prix des loyers. "Quand on a un chalet à plusieurs millions et qu'on squatte deux semaines par année, ça ne rapporte rien ou très peu à la région par rapport à ce que ça coûte. Qu'ils se tirent, qu'ils restent chez eux, qu'ils payent comme il faut chez eux leurs impôts", martèle ce jeune homme au micro d'Europe 1.
Les riches iront vers d'autres "paradis fiscaux"
A flanc de montagnes, les volets du chalet de Johnny Hallyday sont ouverts mais visiblement, il n'y a personne. Et à en croire, Philippe Kenel, le fiscaliste qui installe les millionnaires de la station, les exilés fiscaux risquent de tous déserter.
"Si le peuple bernois devait supprimer le forfait, je crois que la grande majorité de personnes bénéficiant de ce système d'imposition à Gstaad quitteraient la Suisse pour se rendre dans d'autres paradis fiscaux", assure-t-il.
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A titre d'exemple, "Johnny" paie environ un million d'euros d'impôts à la Suisse par an. Si le "oui" l'emporte dimanche, ce chiffre pourrait presque tripler.