L'info. Deux détenus se sont évadés jeudi soir d'un pénitencier à Orbe, dans le canton de Vaud en Suisse. L'un des deux prisonniers est un membre du gang des Pink Panthers, spécialisé dans les vols de bijoux et les braquages de banques.
Pas de mur d'enceinte. Les détenus ont réussi à se faire la belle grâce à des complices. Vendredi vers 19h30, au volant d'une voiture et d'une fourgonnette, ils ont donc d'abord forcé le portail de la prison. Puis en roulant à travers champs, les complices des évadés ont simplement foncé à travers les rangés de barbelés.
Le commando a en fait profité d'une particularité de la prison : elle n'a pas de mur d'enceinte. "C'est une prison en rase campagne, qui a une section en régime semi-ouvert pour des prisonniers en réinsertion qui font du travail agricole. Cet établissement, qui date des années 1920, est construit sur un site marécageux. Or un mur d'enceinte est très très lourd et ça n'a pas été techniquement possible", explique Béatrice Métraux, conseillère d'Etat dans le canton de Vaud en charge de l'Intérieur, sur Europe 1. "Nous avons des gardes sécurité qui patrouillent toute la journée avec des chiens et sont armés", ajoute-t-elle.
Des tirs d'arme de guerre. Les complices ont ensuite déployé deux échelles pour permettre aux détenus de franchir l'enceinte grillagée du terrain de sport où ils se trouvaient. Ils ont également tiré plusieurs rafales de Kalachnikov, sans toutefois faire de blessé. Les quatre hommes ont ensuite pris la fuite à bord du second véhicule, après avoir mis le feu à la camionnette. "Nous n'avons aucune indication sur la direction de fuite", a expliqué Jean-Christophe Sauterel, porte-parole de la police cantonale, cité par La Tribune de Genève.
Le passé d'un évadé pas transmis. Les services pénitentiaires de la prison d'Orbe n'étaient pas au courant que l'un des détenus faisait partie du gang des Pink Panthers. Le Bosniaque Milan Poparic, qui finissait de purger une peine de 6 ans et 8 mois pour un cambriolage, avait été transféré d'une prison situé dans un autre canton, dont les autorités n'avaient pas transmis cette information. "On ne connaissait pas la 'qualité' du détenu. Nous avions accueilli ce détenu en provenance d'un autre canton et toutes les informations n'avaient pas suivi. Nous savions ce qu'il avait fait, à quoi il avait été condamné mais nous ne savions pas qu'il appartenait aux Pink Panthers", reconnait Béatrice Métraux. "Il était en régime de responsabilisation. Il arrivait aux 2/3 de sa peine, on aurait pu demander la libération conditionnelle en janvier 2014", précise-t-elle.
Le second évadé est un Suisse. Adrian Albrecht, 52 ans, a été condamné de nombreuses fois pour séquestration et enlèvement, blanchiment d'argent, cambriolage, incendie intentionnel et vol. Il purgeait une peine de 7 ans de réclusion. Un important dispositif de recherches a été mis en place et les garde-frontières ainsi que la gendarmerie française ont été alertées.
"Un avant et un après". Jean-Christophe Sauterel reconnaît sur Europe 1 que "nous n'avons pas l'habitude d’évasion avec des armes de guerre". "On peut parler d'une première pour la Suisse", estime-t-il. "Nous assistons en Suisse à une hausse du taux de criminalité, dans le canton de Vaud de 20% par an, c'est colossal. Nous avons une surpopulation carcérale de 170 à 190% dans certains établissements et nous avons des détenus de plus en plus dangereux", précise de son côté Béatrice Métraux. "On doit s'interroger sur cette nouvelle dangerosité, proposer des mesures concrètes d'infrastructure, de vidéosurveillance, mais tout cela a un coût énorme. Je souhaite qu'il y ait un avant et un après cette évasion. On ne peut pas continuer comme ça. Maintenant on doit réfléchir, on ne doit pas prendre des mesurettes mais regarder l'ensemble des établissements et regarder la sécurité", propose la conseillère d'Etat.