C’est là qu’il a voté, par anticipation, et c’est là qu’il attendra le résultat du scrutin mardi. Chicago est le fief de Barack Obama, la ville où il a démarré sa carrière politique et où il a choisi, en 2008 comme en 2012, d’installer son siège de campagne.
>> François Clauss, envoyé spécial d’Europe 1, s’est rendu à Chicago, dans une partie très huppée de cette ville qui témoigne de la fracture sociale.
Hyde Park, son golf, son église, là où le jeune Obama est venu tous les dimanche écouter les prêches enflammés, pas si éloignés que ça des meetings politiques. Hyde Park et son université la plus réputée du Middle West, où Obama le débutant a enseigné. Et tout d’un coup, en traversant la rue, vous passez en dix minutes du Champ de Mars à Kinshasa. Vous êtes à Englewood. Maisons délabrées, pas un seul commerce, la désespérance qui suinte.
Porté par sa foi, peut-être aussi déjà par son engagement, pendant trois ans c’est cette réalité-là qu’a côtoyé Obama. "C’est ce que l’on appelle la génération pauvreté, des générations qui naissent dans cet univers, un cercle vicieux", explique un habitant au micro d’Europe 1. "Regardez, là, en face, des drogués qui titubent dans la rue, ces prostituées. A cet endroit, chaque week-end, il y a entre cinq et dix fusillades. Chaque semaine, il y a au moins un mort. Ici vous êtes au cœur d’Englewood".
"C’est ici qu’il a appris à connaître le pays"
Pour Kareem Benner, qui travaille à la mairie de Chicago, cette réalité a permis à Barack Obama, qui avait alors 22 ans, d’apprendre "la ville, au plus près de la rue". "C’est vraiment ici qu’Obama s’est forgé sa culture de noir américain, ici qu’il s’est confronté aux vrais problèmes, aux solutions. C’est ici qu’il a appris à connaître le pays", affirme-t-il.
Même si le Obama de 2012 n’est plus le Obama de 2008, qui promettait l’espoir, il y a tout de même beaucoup d’indulgence à Chicago. "Il n’y a pas d’autre espoir que Barack Obama, il faut qu’il soit réélu pour nos communautés", assure une femme interrogée par Europe 1.
"Revenez à Chicago"
Une autre habitante de Chicago lance cet appel : "ce n’est pas parce que vous êtes au sommet qu’il ne faut pas regarder derrière. Ecoutez les gens de terrain et pas seulement les businessmen et les conseillers. Revenez à Chicago". Qu’en filigrane, ce deuxième mandat soit celui du retour aux sources et qu’on retrouve un peu du Obama de South Chicago.