Que s'est-il exactement passé à Alep ? Les corps d'au moins 65 jeunes tués d'une balle dans la tête ont été découverts mardi dans la cité syrienne. Un nouveau carnage qui intervient à quelques heures d'une intervention du médiateur international Lakhdar Brahimi à l'ONU sur le conflit qui a fait 60.000 morts en deux ans.
Des jeunes d’une vingtaine d’années. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui s'appuie sur des militants et des médecins, "au moins 65 cadavres non identifiés ont été retrouvés à Boustane al-Kasr", quartier tenu par les rebelles à Alep, la métropole du Nord en proie à des combats entre soldats et insurgés.
"Agés d'une vingtaine d'années, ils ont été exécutés d'une balle dans la tête. Vêtus en civil, la majorité ont les mains liées derrière le dos", a-t-elle ajouté. Ils ont été sortis de la rivière Qouweiq qui sépare Boustane al-Kasr et Ansari, quartier également aux mains des rebelles.
Terroristes ou services secrets ? Sur place, un capitaine rebelle, Abou Saada, a déclaré, pour sa part, que "jusqu'à présent 68 corps ont été retrouvés dont des enfants. Mais il devrait y en avoir plus de 100 car beaucoup sont encore dans l'eau". "Nous ne savons pas qui ils sont car ils n'ont pas de pièces d'identité", a déclaré un volontaire en aidant à mettre un corps dans un camion. Dans le véhicule, un correspondant de l'AFP a pu compter quinze cadavres. Abou Saada a accusé le régime de ces exécutions.
Difficile de savoir ce qui s'est réellement passé. L'ONG qui rapporte les faits, basée à Londres et proche de l'opposition au président Bachar al Assad, ajoute que le bilan de ce "nouveau massacre", dont on ignore l'auteur, pourrait atteindre les 80 morts. Mais en raison des restrictions que fait peser le gouvernement syrien sur les journalistes, aucune agence de presse n'a été en mesure de vérifier l'information de manière indépendante. Une vidéo mise en ligne par des opposants montre un homme en train de filmer les cadavres recouverts de boue d'au moins 51 hommes, adolescents pour certains, à Alep, le long de la rivière Koïk, dans le quartier de Boustane al Kasr, tenu par les rebelles.
Les corps jetés dans la rivière. Mais un responsable au sein des services de sécurité du régime a affirmé qu'il s'agissait de "citoyens de Boustane al-Kasr, qui ont été enlevés par des groupes terroristes après avoir été accusés d'être en faveur du régime". "Ils ont été exécutés dans la nuit de lundi à mardi et leurs corps ont été jetés dans la rivière", a-t-il affirmé. Le régime assimile les rebelles à des "terroristes". Selon lui, "ils avaient été enlevés et leurs familles avaient essayé de négocier sans succès à plusieurs reprises avec les groupes terroristes".
Rebelles et régime s'accusent mutuellement des tueries, mais il n'est pas possible de confirmer les informations de source indépendante. Il s'agit de la dernière découverte macabre en date en Syrie où une révolte populaire lancée le 15 mars 2011 et violemment réprimée par le régime s'est transformée en une guerre opposant les troupes gouvernementales à des déserteurs, des civils armés et des djihadistes venus de l'étranger.