A peine investi de ses nouvelles fonctions de médiateur, Lakhdar Brahimi n'a pas caché son scepticisme. "Flatté, touché" d'avoir été nommé, le nouveau médiateur des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie ne l'a pas caché : il est aussi "effrayé" par la mission qui l'attend. Et il y a de quoi puisque l'armée syrienne a poursuivi samedi son pilonnage de la ville d'Alep.
La mission impossible de Lakhdar Brahimi
Ancien ministre algérien des Affaires étrangères, Lakhdar Brahimi a été choisi le 14 août pour remplacer Kofi Annan, ce dernier estimant sa démission inéluctable puisqu'il n'a pas réussi à réunir autour d'une table tous les protagonistes de la guerre syrienne.
"Quand vous m'avez appelé, j'étais honoré, flatté, touché et effrayé. Je suis encore dans cet état d'esprit", a confié vendredi Lakhdar Brahimi devant le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Ce dernier a indiqué que le nouveau médiateur aurait pour "tâche essentielle d'apporter en Syrie la paix, la stabilité, et la promotion des droits de l'Homme".
Les débuts de Lakhdar Brahimi ont néanmoins été compliqué, l'opposition syrienne lui reprochant de ne pas appeler au départ du président syrien Bachar al-Assad. Le peuple syrien "passera avant tout. Nous mettrons ses intérêts au-dessus de tout. Nous tâcherons d'apporter de l'aide autant que nous pourrons, nous n'économiserons pas nos efforts", a répondu ce dernier.
Alep toujours bombardé
Sur le terrain, régime et rebelles sont engagés dans un conflit de plus en plus dur notamment à Alep, poumon économique du pays ravagé par plus d'un mois d'une bataille cruciale pour les belligérants. Dans la vieille ville de cette métropole du Nord, "la plupart des gens sont partis", soutient un combattant rebelle. "Nous essayons d'aider un peu ceux sont qui sont restés. Ils nous soutiennent tous", assure-t-il.
Samedi, l'aviation a pilonné plusieurs quartiers tenus totalement ou partiellement par les rebelles. D'autres bastions hostiles au régime étaient de même bombardés comme la ville de Deraa, berceau de la contestation dans le sud, des localités de la province d'Idleb (nord-ouest) et de Hama (centre), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
L'impatience du peuple syrien
L'absence de négociations concrètes et la poursuite des combats plonge les Syriens dans le plus grand désespoir. Malgré les violences, ces derniers sont descendus par milliers dans les rues vendredi pour crier leur haine du régime et leur colère face à l'incapacité de la communauté internationale à mettre fin au bain de sang. "Le monde nous dégoûte!" ont notamment crié des manifestants à Deraa.
Malheureusement, aucune issue au conflit n'est en vue, la communauté internationale étant toujours aussi divisée entre les Occidentaux d'une part qui réclament le départ de Bachar al-Assad et la Russie, la Chine et l'Iran d'autre part qui prônent un dialogue entre le pouvoir et l'opposition.
Depuis le début de la révolte contre le régime en mars 2011, les violences ont fait 25.000 morts, en grande majorité des civils, selon l'OSDH, et poussé plus de 200.000 Syriens à fuir dans les pays voisins, selon le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU.