Kofi Annan ne poursuivra pas au-delà du mois d'août son rôle de médiateur des Nations unies et de la Ligue arabe dans le conflit syrien qui compte déjà plus de 20.000 morts depuis mars 2011. Le diplomate ghanéen, ex-secrétaire général de l'ONU, prix Nobel de la paix avait été nommé à ce poste le 23 février.
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"Kofi Annan m'a personnellement informé, ainsi que le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Elarabi, de son intention de ne pas renouveler son mandat à son expiration, le 31 août 2012", a déclaré Ban Ki-moon, dans un communiqué. "Kofi Annan mérite notre profonde admiration pour la manière désintéressée avec laquelle il a mis ses formidables compétences et son prestige au service de cette mission des plus difficiles et potentiellement ingrate", a ajouté le secrétaire général de l'ONU.
"Je n'ai pas reçu tous les soutiens"
Après plus de cinq mois de tentatives vaines, le diplomate ghanéen rendra donc son tablier à la fin du mois. "Je n'ai pas reçu tous les soutiens que la cause méritait. (...) Il y a des divisions au sein de la communauté internationale. Tout cela a compliqué mes devoirs", a-t-il justifié.
Il faisait allusion à l'incapacité des 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU à s'unir sur les moyens de régler la crise, Moscou et Pékin, des alliés du régime de Bachar al-Assad, mettant leur veto à trois projets de résolutions occidentaux contre le pouvoir syrien.
Kofi Annan, qui s'était rendu plusieurs fois à Damas, avait proposé un plan de paix en six points prévoyant une cessation des combats et une transition politique. Mais ce plan, pourtant appuyé par le Conseil de sécurité, n'a jamais été appliqué. La "transition" signifie que Bachar al-Assad doit "tôt ou tard" partir, a-t-il dit.
Trouver un successeur rapidement
Le régime syrien a exprimé ses "regrets" après cette démission et accusé les "Etats qui cherchent à déstabiliser la Syrie" d'avoir "entravé" la mission de Kofi Annan, en allusion à l'Occident, à la Turquie et aux pays du Golfe critiques du régime. Le président russe Vladimir Poutine l'a aussi jugée "très regrettable", mais Washington a accusé la Chine et la Russie d'être responsables de sa démission.
Paris a estimé que cette décision "illustre l'impasse dramatique du conflit" et la chef de la diplomatie de l'Union européenne Catherine Ashton a demandé la nomination urgente d'un successeur à Kofi Annan.