Alors que Paris est en première ligne au côté de Washington pour mener une riposte, Bachar al-Assad menace. Dans une interview accordée au Figaro à paraître mardi, le président syrien met en garde la France avant toute initiative militaire contre des cibles syriennes.
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"Un baril de poudre". Si les Occidentaux ne connaissaient pas déjà le risque d'une intervention militaire en Syrie, le président Assad le leur rappelle. "Le Moyen-Orient est un baril de poudre, et le feu s'en approche aujourd'hui. "Il ne faut pas seulement parler de la riposte syrienne (...) Tout le monde perdra le contrôle de la situation lorsque le baril de poudre explosera. Le chaos et l'extrémisme se répandront. Le risque d'une guerre régionale existe", prédit encore le président syrien, bien décidé à conserver la main sur son pays.
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La France "ennemie" de la Syrie... Il ne le dit pas clairement, mais Bachar al-Assad le sous-entend franchement. "Quiconque contribue au renforcement financier et militaire des terroristes est l'ennemi du peuple syrien. Quiconque œuvre contre les intérêts de la Syrie et de ses citoyens est un ennemi. Le peuple français n'est pas notre ennemi, mais la politique de son État est hostile au peuple syrien. Dans la mesure où la politique de l'État français est hostile au peuple syrien, cet État sera son ennemi", répond-il au Figaro, prédisant des "répercussions négatives (...) sur les intérêts de la France".
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... et "acteur subalterne de la politique américaine". "Après l'invasion de l'Irak en 2003, la France a décidé de renoncer à son indépendance et est devenue un acteur subalterne de la politique américaine", lance Bachar al-Assad, pour qui "la question est de savoir si la réunion du Parlement français [prévue mercredi] signifiera que les Français retrouveront l'indépendance dans leur prise de décision". Et le président syrien d'apostropher les parlementaires français : "je leur demande : pouvez-vous soutenir l'extrémisme et le terrorisme ? Peuvent-ils se mettre du côté de ceux qui, comme Mohamed Merah, ont tué des innocents en France ? Comment la France peut-elle combattre le terrorisme au Mali et le renforcer en Syrie ?".
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Assad réclame des preuves. Quant aux accusations portées par les États-Unis puis par la France concernant l'utilisation d'armes chimiques contre son propre peuple, Assad les retourne. "Quiconque accuse doit donner des preuves (...) Je ne dis nullement que l'armée syrienne possède ou non de telles armes. Supposons que notre armée souhaite utiliser des armes de destruction massive : est-il possible qu'elle le fasse dans une zone où elle se trouve elle-même (...) ? Où est la logique ?", interroge le président syrien, comme un nouveau pied-de-nez aux dirigeants occidentaux. "Si les Américains, les Français ou les Britanniques disposaient d'une seule preuve, ils l'auraient montrée, dès le premier jour", ajoute Bachar al-Assad.
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L'opposition "made in France". Bachar al-Assad s'en prend aussi à la Coalition nationale syrienne, assurant qu'elle "a été fabriquée à l'étranger" et "ne dispose d'aucune base populaire en Syrie". "Elle est made in France, made in Qatar, mais certainement pas made in Syria. Elle suit les ordres de ceux qui l'ont fabriquée", ajoute le dirigeant syrien.