L’INFO. C’est une percée diplomatique majeure. La Russie et les États-Unis ont réussi à se mettre d’accord jeudi à l’ONU sur une résolution du Conseil de sécurité encadrant la destruction des armes chimiques du régime de Bachar al-Assad. Depuis le début du conflit en Syrie, en mars 2011, jamais le Conseil de sécurité n’a réussi à se mettre d’accord sur un texte, Moscou et Pékin ayant utilisé leur veto trois fois. Le texte, mis au point après d’intenses tractations, pourrait être adopté dès vendredi soir.
Pas de sanctions automatiques. Le projet de résolution prévoit la possibilité pour le Conseil de sécurité de prononcer des sanctions à l’encontre du régime de Bachar al-Assad, si le plan de désarmement chimique n’est pas respecté. Le texte ne dit en revanche rien sur les mesures envisagées et ne prévoit pas de sanctions automatiques. En clair, en cas de violations des engagements, il faudra une deuxième résolution. De quoi laisser à Moscou un droit de regard et une possibilité de blocage.
Un vote vendredi. Les débats sur le texte ont eu lieu jeudi soir, lors d’une réunion des quinze membres du Conseil de sécurité. Un vote est attendu vendredi à 20 heures à New York. Une fois adoptée, la résolution devra encore obtenir le feu vert de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) au plan de démantèlement mis au point le 14 septembre dernier par Moscou et Washington.
"Pas d’obstacle" d’Assad. Interrogé par la chaîne vénézuélienne Telesur, Bachar al-Assad a assuré que son régime ne poserait "pas d’obstacle" au démantèlement de son arsenal chimique. Le président syrien a aussi affirmé que son pays se considérait "généralement comme engagé par toutes les conventions" qu’il signait.
L'interview de Bachar al-Assad sur Telesur :
Un arsenal en partie "inutilisable". Sur le terrain, en Syrie, des experts de l’ONU sont à nouveau à pied d’œuvre pour de nouvelles enquêtes sur les allégations d’utilisation d’armes chimiques. Le mois dernier, un rapport des Nations unies avaient conclu à l’utilisation de gaz sarin, sans pointer du doigt le régime. Les six experts de l’ONU devraient commencer à travailler vendredi. Quant à l’arsenal chimique syrien, il pourrait bien être détruit plus rapidement que prévu : d’après un rapport américano-russe confidentiel, révélé jeudi par le Washington Post, cet arsenal est en effet en grande partie "inutilisable" en l’état. Il comprendrait plus de mille tonnes d’armes chimiques, dont 300 de gaz moutarde.