Après un coup manqué mercredi, le cessez-le-feu négocié par Kofi Annan en Syrie a officiellement commencé jeudi matin, à 5 heures. Le médiateur international a fait savoir jeudi que "la cessation des hostilités en Syrie semblait être respectée". "La Syrie connaît apparemment un moment rare de calme sur le terrain", a estimé Kofi Annan, ajoutant que ce calme devait "être maintenu".
Il a toutefois demandé au Conseil de sécurité de l'ONU d'exiger du régime syrien qu'il retire ses forces des villes rebelles et qu'elles réintègrent leurs casernes, ce qui était une des conditions de son plan. Il souhaite également le déploiement rapide d'une mission d'observateurs dans le pays pour observer le respect du cessez-le-feu. Le général norvégien Robert Mood devrait arriver en Syrie vendredi pour préparer l'arrivée de ces observateurs.
Un projet de résolution à l'ONU
Réunis à Washington, les ministres des Affaires étrangères du G8 ont eux aussi manifesté ce souhait. Alain Juppé a d'ailleurs déclaré qu'un projet de résolution sur le déploiement d'une mission d'observateurs, élaboré conjointement avec les Etats-Unis et les Britanniques, serait déposé à l'ONU jeudi après-midi.
Le ministre des Affaires étrangères français a aussi affirmé que la France disposait d'"éléments de preuve" de crimes contre l'humanité commis par le régime de Bachar al-Assad, qui pourraient conduire le moment venu à une saisine de la justice internationale.
La question syrienne a en outre été abordée par Barack Obama et Nicolas Sarkozy lors d'une visioconférence exceptionnellement ouverte à des journalistes. Les deux hommes "ont exhorté le régime syrien à respecter scrupuleusement et inconditionnellement ses engagements au titre du plan de l'envoyé spécial des Nations Unies et de la Ligue arabe", ajoutant qu'il serait "jugé sur ses actes".
Huit civils tués
En Syrie, malgré le cessez-le feu annoncé, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a indiqué que huit personnes, dont sept civils, ont été tuées et des dizaines d'autres blessées jeudi.
Ce bilan marque cependant une nette rupture avec la dernière semaine, au cours de laquelle l'OSDH a recensé plusieurs dizaines de morts par jour.
"Aucun signe de retrait"
Bachar al-Assad ne tient pas non plus ses engagements concernant le retrait de ses troupes. "Nous constatons avec preuves à l'appui que les armes lourdes sont toujours dans les zones de population. Certaines ont simplement été repositionnées", a indiqué Bassma Kodmani, la porte-parole du Conseil National Syrien (CNS),. Elle a également fait état de l'apparition de nombreux points de contrôle supplémentaires "lourdement armés".
Les autorités syriennes affirment quant à elles que ce sont les insurgés qui ont rompu le cessez-le-feu en faisant exploser jeudi matin une bombe au passage d'un car militaire à Alep, provoquant la mort d'un officier.