L'avenir de la Syrie devrait se jouer à "Genève 2" selon Laurent Fabius. Cette conférence internationale sur la paix, lancée à l'initiative des Etats-Unis et de la Russie, sera ""la conférence de la dernière chance", estime le ministre des Affaires étrangères, invité dimanche du Grand Rendez-vous Europe 1/i>Télé/Le Parisien-Aujourd'hui en France.
La "tragédie absolument épouvantable" qui a lieu actuellement en Syrie "s'aggrave", a souligné le ministre. "C'est la raison pour laquelle nous travaillons sur la conférence de Genève 2 qui est à mon avis la conférence de la dernière chance". "Je souhaite qu'elle ait lieu, c'est très difficile", a-t-il précisé. "Ce ne dépend pas uniquement de nous."
Quand aura-t-elle lieu ? Geneve 2 pourrait se tenir en juillet et non mi-juin comme cela avait été évoqué précédemment car le délai était "trop court, en particulier du côté de la coalition", c'est-à-dire l'opposition syrienne, qui doit désigner ses représentants. "Et il faut que nous nous mettions d'accord sur l'ordre du jour avec les Nations Unies", a ajouté le ministre.
Qui participera ? "C'est une des questions", a reconnu Laurent Fabius. "L'essentiel, c'est qu'il y ait des participants de l'opposition et des participants qui soient des soutiens acceptables du régime." Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies, c'est-à-dire les Etats-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, la France et la Chine, doivent également être représentés.
La question iranienne. Quant à l'Iran, Paris, contrairement à Washington, se montre "hostile" à sa présence lors de la conférence. Les Iraniens sont très présents dans le conflit, a rappelé le ministre : "il faut savoir que les troupes syriennes sont souvent encadrées par des responsables d'Iran qui fournissent une série d'armes. Et l'Iran, qui a la main sur le Hezbollah libanais, a demandé à celui-ci qu'il intervienne. Et ils y sont : entre 3.000 et 5.000." Aussi, "il y a un argument qui peut paraître convaincant : puisque les Iraniens sont là, il faut qu'ils soient là pendant la conférence de paix"
Mais pour le ministre, "il faut porter un peu plus loin l'analyse". L'Iran n'a pas sa place autour de la table des négociations à Genève, estime Paris et ce pour plusieurs raisons : premièrement, "les Iraniens, pour autant que l'on sache, ne sont pas favorables à ce qu'on trouve une solution en Syrie. Ils veulent profiter du drame syrien pour étendre leur influence", estime Laurent Fabius. Conséquence : "faire venir à une conférence de paix des gens qui sont contre la paix, non", a jugé le ministre.
De plus, le "point central" de la conférence de Génève est de "créer un gouvernement de transition" en Syrie "avec des gens de l'opposition et des gens du régime" et qui "aurait tous les pouvoirs". Or, "ce point central n'a pas été accepté par l'Iran", poursuit Laurent Fabius. Enfin, derrière le dossier syrien, il faut voir celui du nucléaire iranien selon Paris : "si l'Iran devient partie prenante de la conférence de Genève, (...) le risque, c'est qu'ils disent 'écoutez, on peut faire une concession sur l'affaire syrienne, mais à condition que vous nous laissiez la bombe atomique'", a estimé Laurent Fabius. Or, le nucléaire iranien serait une "déflagration dans la région", a insisté le ministre.
D'autres questions doivent être réglées pour pouvoir organiser cette conférence. "Quel est exactement l'ordre du jour ? comment fait-on pour obtenir un cessez-le-feu ? comment fait-on pour obtenir un gouvernement de transition ?".
"Pas d'impunité" sur les armes chimiques. En parallèle, Laurent Fabius a confirmé que l'analyse des échantillons rapportés de Syrie par les journalistes du Monde pour témoigner de l'utilisation d'armes toxiques était en cours. "Je ferai parvenir les résultats dans les jours qui viennent. (...) Nous prendrons avec nos partenaires les décisions.". Le ministre a rappelé "deux principes" : "la vérité" et "pas d'impunité".
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