Combattant ou civil, adulte ou adolescent, homme ou femme. Personne n’échappe à la cruauté des djihadistes du groupe de l’Etat islamique, en Syrie. L’ONG Human Rights Watch a recueilli les témoignages de quatre adolescents kurdes qui ont vécu plusieurs mois dans les geôles de l’organisation islamiste. Agés de 14 à 16 ans, ils racontent leur calvaire, à coups de torture et d’endoctrinement religieux.
Leur histoire commence le 29 mai dernier, en même temps que celle de 149 autres garçons kurdes. Sur le chemin de Kobané, des membres de l’Etat islamique interceptent un bus, raconte Human Right Watch dans un communiqué. A son bord, environ 250 élèves kurdes qui rentrent d’examens scolaires à Alep. Les djihadistes décident de retenir quelques heures les filles, avant de les relâcher. Mais les garçons sont gardés dans une école de Manbij, à 55 kilomètres de Kobané.
Trois couvertures et deux repas par jour. Là-bas, ils sont séparés en huit groupes et reçoivent chacun trois couvertures, deux pour se coucher et une pour se couvrir, relatent les garçons qui ajoutent avoir pu se laver une fois toutes les deux semaines. Deux fois par jour, ils reçoivent de la nourriture. Les premières tentatives d’évasion sonnent la fin des promenades et des jeux en extérieur. Ils peuvent, à l’occasion, voir leurs parents ou les avoir au téléphone, mais interdiction formelle de parler kurde dans un premier temps.
En parallèle de ces conditions de vie difficiles, ils ont "été sévèrement battus avec des tuyaux et des câbles électriques", selon l’ONG. Ceux qui subissent le plus durement les sévices de leurs ravisseurs sont ceux dont les proches sont membres de l’YPG, les Unités de protection du peuple contre lesquels se battent les djihadistes à Kobané. "Depuis le début du soulèvement en Syrie, des enfants ont subi l’horreur de la détention et de la torture, d'abord aux mains des forces gouvernementales du président Assad, et maintenant aux mains de l'État islamique", a commenté Fred Abrahams, conseiller spécial auprès de la division Droits des enfants à Human Rights Watch.
Du lavage de cerveau. En plus de les torturer, les membres de l’Etat islamique tentent de leur laver le cerveau, à coup de vidéos de propagande et de prières forcées. Les ados sont forcés de regarder des films d’attaques menées par les djihadistes ou encore de décapitations. Ils doivent également suivre des "leçons imposées sur l’islam". Les étudiants les moins assidus, ou encore ceux qui essayent d’échapper à leurs ravisseurs, sont sévèrement réprimandés. "Ils nous ont fait apprendre des versets du Coran et battaient ceux qui n’arrivaient pas à apprendre", raconte l’un des garçons.
Un dollar et un DVD. Sans comprendre pourquoi, plusieurs groupes sont relâchés, le 29 octobre pour les derniers d’entre eux. Seule explication : ils auraient terminé leur formation religieuse. Pour se maintenir au bon souvenir de leurs victimes, les ravisseurs leur donnent 150 livres syriennes (un dollar) et un DVD sur des thèmes religieux pour les accompagner dans leur liberté retrouvée. Quatre d’entre eux au moins ont trouvé refuge en Turquie, ne pouvant retourner à Kobané, théâtre d’intenses combats entre des Kurdes et des djihadistes depuis plus d’un mois.
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