L’INFO. Au lendemain d'un accord russo-américain et alors que la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU pourrait être adoptée dès vendredi soir, la feuille de route de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a été dévoilée. Celle-ci prévoit la destruction de l'arsenal syrien et le début des inspections au plus tard mardi. Beaucoup d’experts s’inquiétaient déjà de la difficulté de venir à bout de ce type d’armes. Mais selon un rapport américano-russe confidentiel, cité par le Washington Post, l'arsenalsyrien est en grande partie "inutilisable" en l'état et pourrait par conséquent être détruit plus rapidement que prévu.
Un rapport confidentiel. Ce rapport, présenté à la Maison-Blanche par des experts en armement, avance que l'arsenal syrien pourrait être neutralisé en neuf mois, et qu'il présente moins de risques d'être dissimulé ou dérobé par des groupes terroristes en raison de la forme sous laquelle il est stocké. Selon ces experts, la Syrie possèderait plus de 1.000 tonnes d'armes chimiques, dont 300 tonnes de gaz moutarde. Le reste de l'arsenal serait composé d'éléments chimiques liquides, stockés sous forme binaire, c'est-à-dire sous la forme de deux produits chimiques, appelés précurseurs, qui sont mélangés juste avant l'emploi, selon le journal.
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Le rapport de l’ONU. Les révélations de ce rapport interviennent alors que les experts de l'ONU, enquêtant actuellement en Syrie sur des sites où des attaques chimiques auraient été perpétrées, doivent conclure leur travail lundi et publier leur rapport en principe fin octobre. "Au cours de leur travail, les experts ont reçu plusieurs documents et échantillons et ont mené plusieurs interviews", ont précisé les Nations unies. Les experts ont en outre désigné pour leur enquête sept secteurs où des attaques chimiques auraient été menées dans les combats.
>>> Les sites sont : Khan al-Assal, une localité de la province septentrionale d'Alep, où les deux belligérants s'accusent mutuellement d'avoir eu recours à l'arme chimique le 19 mars ; Cheikh Maqsoud, un quartier d'Alep où une attaque présumée a eu lieu le 13 avril ; Saraqeb, une ville de la province d'Idleb (nord-ouest, 29 avril) ; la région de la Ghouta près de Damas, où des attaques ont eu lieu le 21 août et où l'ONU a déjà confirmé l'usage de gaz sarin ; Bahhariyé, près de Damas (22 août) ; Jobar, un quartier périphérique du nord-est de Damas (24 août) ; Achrafié Sahnaya, dans la province de Damas (25 août).
Un exemple d'armes chimiques retrouvé par les experts onusiens :
Le projet de l’OIAC. La feuille de route l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), qui doit être validée vendredi soir avant la résolution onusienne, et dont l'Agence France Presse a obtenu copie, autorise des visites sur des sites non répertoriés par Damas. Le texte de l'OIAC fait partie de l'accord diplomatique conclu à Genève entre Russes et Américains le 14 septembre dernier, et qui doit permettre d'éviter une action militaire en Syrie. "Le Conseil exécutif décide que le secrétariat doit débuter les inspections en Syrie aussi vite que possible, en tous les cas pas plus tard que le 1er octobre", peut-on lire dans la feuille de route. Tous les sites répertoriés dans la liste officielle remise par la Syrie le 19 septembre à l'OIAC doivent avoir été inspectés "au plus tard 30 jours après l'adoption de cette décision". Si la Syrie ne respecte pas le plan, qui prévoit la destruction complète de l'arsenal chimique pour la mi-2014, l'OIAC pourra "soumettre le problème directement à l'attention de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité des Nations unies".
La résolution de l’ONU. De son côté, la résolution de l'ONU, en cours de discussion, encadre la destruction des armes chimiques du régime de Bachar al-Assad et prévoit la possibilité pour le Conseil de sécurité de prononcer des sanctions si le plan de désarmement n'est pas respecté. Cependant, le projet sur lequel Russes et Américains viennent de tomber d'accord ne prévoit pas de sanctions automatiques. En cas de violation des engagements, il faudrait une deuxième résolution, ce qui laisse à Moscou, allié de Damas, une possibilité de blocage. Les ministres des Affaires étrangères des cinq pays membres du Conseil de sécurité (Etats-Unis, France, Royaume Uni, Chine, Russie) doivent se rencontrer vendredi soir à New York avec le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et son médiateur en Syrie, Lakhdar Brahimi.
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