Deux ans après le début du conflit, les Syriens n’ont toujours aucun répit. Le Dr Bernard Leménager, chirurgien, revient d’un mois passé dans un hôpital clandestin de Médecins sans frontières (MSF) à une vingtaine de kilomètres d’Alep. Au micro d’Europe 1, il livre son témoignage sur la situation et décrit ses conditions de travail terribles.
"La salle d’op’, c’était le salon". L’hôpital clandestin est installé dans une maison particulière, "en zone contrôlée par les rebelles, puisque MSF n’a pas l’autorisation d’aller dans zones gouvernementales". Dans cette ancienne habitation, "la salle d’op’ [d'opération], c’était le salon, la cuisine, c’était devenu la stérilisation centrale". En Syrie, MSF aide aussi "les réseaux de chirurgiens et de médecins, qui sont installés dans des conditions beaucoup plus précaires". "Ce n’est pas facile de travailler, d’opérer, de soigner les gens en Syrie, mais c’est encore plus galère d’être malade", souligne le chirurgien.
"Des plaies épouvantables". Parmi les victimes du conflit, le Dr Leménager a vu passer "beaucoup de civils". "Les combattants sont exposés, mais les civils qui passent par là prennent des éclats de bombes, des balles et des balles pas toujours perdues d’ailleurs", décrit le praticien, qui a vu défiler "des blessés par balles" et des victimes d’explosions, aux "plaies épouvantables". "On parle des morts, mais tous ces blessés, que vont-ils devenir ?"
Les enfants "pas épargnés". Le chirurgien évoque un cas qui "nous a beaucoup touchés" : "une gamine de 7-8 ans, arrivée avec des plaies épouvantables", soignée peu avant "dans un autre endroit où ils avaient fait ce qu’ils avaient pu". "Elle était avec son oncle et il nous a dit : ‘elle a perdu toute sa famille dans l’explosion, je n’ai plus qu’elle, elle n’a plus que moi", raconte Bernard Leménager. L’enfant n’a pas survécu. "C’était une catastrophe", confie-t-il.
"Il faut une aide humanitaire massive". Sans se prononcer sur le souhait de François Hollande d’envoyer des armes aux rebelles syriens, le médecin appelle à une "aide humanitaire massive", notamment pour les déplacés. "Le pays est en [plein] chaos, les gens n’ont plus rien d’essentiel, même la nourriture", dénonce-t-il, décrivant des camps de déplacés "improvisés avec l’hiver", sans latrines.