La mort des deux journalistes occidentaux, mardi en Syrie, est une nouvelle preuve de la cruauté du régime de Bachar al-Assad. C'est en tout cas les conclusions tirées par Abdul Alhsomsy, opposant au régime, et Jean-Pierre Perrin, grand reporter à Libération qui était il y a quelques jours encore à Homs. Tous deux se sont confiés au micro d'Europe 1.
Les deux hommes dépeignent Homs comme une ville encerclée et très dangereuse. En particulier pour les journalistes, contraints de rentrer en Syrie clandestinement, avec les risques que cela comporte. "C'est mission tout à fait impossible de rester sur place actuellement en Syrie", témoigne Jean-Pierre Perrin qui se trouve désormais à Beyrouth, au Liban.
"Plus de nouvelles de Homs"
La situation est devenue encore plus compliquée pour les journalistes depuis mardi. L'Américaine Marie Colvin, 56 ans, et le Français Rémi Ochlik, 28 ans, sont morts dans le bombardement du "centre de presse", "une petite pièce dans un appartement".
Un double signal inquiétant envoyé par le régime Assad, analysent Abdul Alhsomsy et Jean-Pierre Perrin. D'abord, selon l'opposant Abdul Alhsomsy, ce pilonnage n'est pas l'imprévisible fruit du hasard. Interrogé par Europe 1, il raconte que l'armée traque l'ensemble de la population et cible en particulier les journalistes. Ensuite, Jean-Pierre Perrin craint que l'on n'ait "plus de nouvelles de Homs" à l'avenir "pendant la durée du siège".
"Ils visent sans distinction", assure Abdul Alhsomsy :
"Quel que soit l'endroit, quand un signal Internet, ou téléphonique est intercepté par l'armée, elle reçoit l'ordre de tirer un maximum de roquette sur cette position", certifie Abdul Alhsomsy.
Des bombardements comme une "punition collective"
Journaliste ou pas, le régime ne fait aucune différence. "Ils visent sans distinction, les civils comme les opposants, les roquettes s'abattent au hasard sur les maisons des habitants, ça fait 18 jours que c'est comme ça", affirme l'opposant au régime. "C'est plus qu'un pilonnage", confirme Jean-Pierre Perrin qui voit une "volonté absolue d'anéantir la ville". "Il y a une dimension de punition collective qui est évidente, sinon il n'y a pas de raison de tirer sur des enfants alors qu'ils traversent les rues", ajoute le grand reporter de Libération.
Abdul Alhsomsy précise de son côté que les forces de Bachar al-Assad sont extrêmement bien équipées. "Ils ont des snipers, des mitrailleuses, des bombes, des tanks des roquettes", déplore-t-il.
Une intervention étrangère ?
Selon Abdul Alhsomsy, si les forces du régime s'en prennent aux journalistes ce n'est pas un hasard. "Ils ne veulent pas des photos des crimes qu'ils sont en train de commettre", commente-t-il. Des propos qui confirment les informations du Telegraph. Selon le quotidien anglais, les deux journalistes occidentaux tués mercredi en Syrie auraient été délibérément visés par le régime syrien.
Dans la foulée, le ministre des affaires étrangères, Alain Juppé a déclaré que la France "tient les autorités syriennes responsables et comptables de la mort des journalistes". "Damas nous doit une réponse", a exigé le ministre des Affaires étrangères dans une déclaration à la presse.
Cette escalade de violence et ces attaques répétées contre les journalistes - le journaliste de France 2, Gilles Jacquier a notamment été tué dans des bombardements - pourrait aboutir à "une forme d'intervention, humanitaire ou autre", selon Jean-Pierre Perrin. "Ce que les gens demandent à Homs, c'est de pouvoir évacuer de la ville les blessés, les enfants, les malades, les vieillards et les femmes. Ils ne demandent pas plus". Mais ça semble déjà beaucoup.