L'Assemblée générale de l'ONU a adopté jeudi à une large majorité, malgré l'opposition de la Chine et de la Russie, une résolution condamnant la répression en Syrie. Ce vote intervient quelques jours après le blocage par Moscou et Pékin d'un texte similaire au Conseil de sécurité.
La résolution, adoptée par 137 voix pour, 12 contre et 17 abstentions, exige du gouvernement syrien qu'il mette fin à ses attaques contre la population civile, soutient les efforts de la Ligue arabe pour assurer une transition démocratique à Damas et recommande la nomination d'un envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie.
Outre Moscou et Pékin, Cuba, l'Iran, le Venezuela et la Corée du Nord notamment ont voté contre le texte. Contrairement au Conseil de sécurité, il n'y a pas de droit de veto à l'Assemblée.
Le texte aura une portée symbolique
Le dépôt de cette résolution était soutenu par plus de 70 pays sur les 193 que compte l'Assemblée. Parmi eux, de nombreux pays occidentaux et arabes désirant accentuer l'isolement du régime du président Bachar al-Assad. Le texte aura toutefois une portée essentiellement symbolique, l'Assemblée générale étant un organe consultatif.
L'Assemblée avait adopté le 19 décembre une précédente résolution dénonçant le situation des droits de l'homme en Syrie, par une large majorité également mais le texte voté jeudi a un contenu plus politique.
L'ONU et Alain Juppé positivent
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a néanmoins "salué le message tant attendu". "Il est essentiel pour le monde de parler d'une même voix pour mettre un terme à l'effusion de sang et de redoubler d'efforts pour résoudre cette crise pacifiquement", a-t-il estimé.
Le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé s'est également félicité de cette résolution qui constitue "un soutien massif et sans équivoque au peuple syrien". "Après le blocage par veto du Conseil de Sécurité, chacun doit tirer les conséquences de cette mobilisation exemplaire des Nations unies", a-t-il conclu dans une allusion transparente à Moscou et Pékin, fidéles alliés de Damas.
Syriens et Russes s'indignent
Ces derniers n'ont cependant pas changé de ligne de conduite. L'ambassadeur syrien Bachar Jaafari a dénoncé une résolution "tendancieuse et déséquilibrée", faisant valoir la nécessité d'un "dialogue national", rejeté par l'opposition.
Pour le représentant russe Vitaly Tchourkine, Moscou "n'avait pas d'autre choix que de voter contre", dès lors que ses amendements avaient été rejetés. La Russie souhaitait notamment que le texte souligne aussi la responsabilité de l'opposition dans les violences.