Le vote. "Le Conseil de sécurité mérite enfin son nom", s'est réjoui le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, dans la nuit de vendredi à samedi. La raison ? Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté vendredi une résolution, sa première sur la Syrie depuis le début du conflit. Le mot d'ordre : contraindre Bachar al-Assad à détruire la totalité de ses armes chimiques en moins d'un an. "Ce soir, la communauté internationale a rempli sa mission", a commenté le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, à l'issue du vote à l'unanimité de ce texte, annonçant par ailleurs la tenue mi-novembre à Genève d'une conférence de paix sur la Syrie.
"La fermeté a payé". Cette résolution fait suite à l'accord conclu à Genève mi-septembre afin d'éviter une intervention militaire en Syrie, une menace brandie par Washington et Paris en réponse à une attaque à l'arme chimique le 21 août. "La fermeté a payé", a estimé Laurent Fabius en rappelant cette menace. "La coopération de la Syrie devra être inconditionnelle, la transparence totale". Lui emboitant le pas, le secrétaire d’État américain John Kerry a prévenu qu'il y aura des "conséquences" pour le pouvoir syrien s'il ne respecte ses engagements. Barack Obama a, lui, qualifié vendredi "d'énorme victoire pour la communauté internationale" l'accord sur cette résolution obtenu jeudi, à l'issue d'âpres négociations, entre Washington et Moscou, fidèle allié de Damas.
Que prévoit vraiment la résolution ? Le texte prévoit dans la possibilité pour le Conseil de prononcer des sanctions mais elles ne seront pas automatiques: il faudra une deuxième résolution, ce qui laisse à Moscou une possibilité de blocage. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a d'ailleurs bien insisté: il faudra "prouver à 100%" que Damas ne joue pas le jeu et les sanctions devront être "proportionnelles" aux violations. Moscou avait bloqué trois résolutions précédentes pour protéger son allié syrien.
La Syrie charge la France. Ulcéré que la France ait organisé jeudi à l'ONU une réunion de soutien à l'opposition syrienne qui avait fait salle comble, l'ambassadeur syrien Bachar Jaafari a dénoncé "l'amateurisme" de la diplomatie française. "La diplomatie française agit de façon plus amatrice que professionnelle. Elle a commis beaucoup d'erreurs. Le ministre (Fabius) au conseil de sécurité, il lisait son texte, il semble qu'il ne comprenait pas le sens de cette résolution", a raillé Bachar Jaafar. Et de rappeler, au sujet de la résolution, que la "victoire" des occidentaux n'était pas si "énorme" que ça : "je conseille aussi au ministre français des Affaires étrangères de lire la résolution avec attention. En lisant la résolution, le ministre conclura qu'à partir de maintenant, ni lui ni son pays ne seront autorisés à violer la provision de cette résolution. Cette résolution interdit au gouvernement français d'inciter au terrorisme, d'inciter à la violence en Syrie. Elle interdit à Paris et au ministre des Affaires étrangères de contribuer à aggraver la situation militaire en Syrie en procurant des armes et un soutien politique" à l'opposition."