Syrie : "l'Occident n'est pas déterminé à sortir Assad"

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et David Delos , modifié à
INTERVIEW E1 - Le spécialiste en géopolitique Frédéric Encel analyse l'inertie de la communauté internationale.

Intervenir ou pas ? Alors que l'attaque à Damas de mercredi dernier laisse présumer de l'usage d'armes chimiques par le régime syrien, la communauté internationale peine à parler d'une seule voix et, plus encore, à agir.         

Comment expliquer cette inertie diplomatique ? Frédéric Encel, spécialiste en géopolitique et maître de conférence à Science-Po a livré son analyse sur Europe1 dimanche midi.

Une victime de "l'attaque aux armes chimiques" de mercredi, selon les rebelles syriens.

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Comment expliquer l'absence de réponse claire du conseil de sécurité de l'ONU ? Parce que les Russes et les Chinois y mettent leur veto. Le Conseil de sécurité de l'ONU, c'est quinze membres dont cinq permanents qui disposent d'un droit de veto. Or, à trois reprises déjà ces trois dernières années, Moscou et Pékin ont mis leur veto à toute intervention étrangère en Syrie, et en particulier à une intervention de type militaire. Et cela va se poursuivre, notamment à cause de Moscou.

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Syrie destroyer américain USS Ramage

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L'armée américaine s'est redéployée pour donner une option à Obama. Une intervention unilatérale est-elle envisageable ? En théorie, tout est envisageable en dehors du Conseil de sécurité : les Américains l'ont prouvé en 2003 (en intervenant en Irak sans autorisation du Conseil de sécurité, ndlr). En l'occurrence, la question est de savoir si on accepte de risquer une dégradation des rapports avec les Russes. Je pense que ce n'est pas envisageable : pour moi, le déploiement américain en Méditerranée orientale procède de la gesticulation car cela ne sera pas suivi d'effets.

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La communauté internationale est-elle réduite à l'impuissance ? Elle n'est réduite à rien, elle le veut bien : l'Otan (l'Organisation du traité de l'Atlantique nord qui permet d'assurer une défense commune entre 28 états occidentaux, ndlr) a une puissance de  feu et de frappes qui permettrait de mettre un terme à Bachar al-Assad en quelques jours, voire en quelques heures. Mais encore une fois, est ce qu'on veut risquer une dégradation régionale ? Assad pourrait propulser des missiles sur tous les états voisins y compris la Turquie, Israël, la Jordanie -des alliés des Etats-Unis donc- enclenchant ainsi un processus dont on ne sait pas jusqu'où il peut aller. Je pense que ce n'est pas une question de possibilités mais de détermination : nous n'avons pas actuellement, en Occident, la détermination de faire sortir Assad du pouvoir même s'il commet des crimes épouvantables.

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Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme il y aurait plusieurs dizaines de victimes.

L'aide en sous main aux insurgés est-elle à même de changer le rapport de force ? Cela fait des mois que des commandos d'opposants à Assad sont entraînés par les Américains en Jordanie. Mais face à la puissance de frappes aériennes et terrestres extraordinaires -et renouvelées en permanence par Moscou- vous pouvez toujours former de simples soldats... Dans quelques quartiers, vous pourrez avancer de quelques centaines de mètres mais je ne crois pas que cela suffise à inverser les rapports de force.