Les partisans de Bachar al-Assad ont lancé l'assaut samedi dans les secteurs aux mains des rebelles.
Un déluge de feu s'est abattu sur Alep. L'armée syrienne a lancé vers 7 heures samedi matin sa contre-offensive pour reprendre les secteurs rebelles de la deuxième ville de Syrie, capitale économique du pays.
Au moins 29 personnes - dix soldats, huit rebelles et onze civils - ont été tuées depuis le début de l'assaut, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Ailleurs dans le pays, 31 personnes - 14 civils, 13 rebelles et 4 soldats - ont été tuées, selon la même source. "Ce sont les combats les plus violents depuis le début de la révolte", affirme l"OSDH, qui a dénombré plus de 20.000 morts, dont 14.000 civils, depuis mars 2011.
"100 chars aux abords du quartier"
"Les forces du régime ont tenté de prendre d'assaut le quartier de Salaheddine mais grâce à Dieu les héros de l'Armée syrienne libre (ASL) ont repoussé l'attaque" pour le moment, a déclaré le commandant du conseil militaire rebelle d'Alep, Abdel Jabbar al-Oqaidi. "Nous avons détruit jusqu'ici huit véhicules et blindés", a-t-il affirmé, soulignant qu'il y avait "cent chars massés aux abords du quartier", venus notamment du secteur de Hamdaniyé plus à l'ouest.
Des affrontements se déroulaient notamment aux entrées de Salaheddine, un quartier situé dans le sud-ouest de la capitale économique du pays et bombardé depuis le lancement de l'assaut. Les insurgés sont retranchés notamment dans les quartiers sud et sud-ouest de la métropole.
Crainte d'un "massacre"
Plusieurs pays occidentaux ont exprimé leur préoccupation face à la perspective d'un assaut contre les rebelles. Washington évoque la possibilité d'un "massacre" et condamne l'"agression haïssable et répréhensible des forces d'Assad contre ce centre de population civile". Une source de sécurité syrienne avait affirmé vendredi que les rebelles étaient retranchés dans des ruelles très étroites, ce qui rendra difficile la bataille. L'OSDH a dit craindre des "centaines de morts" dans l'assaut de l'armée.
Selon les experts, cette bataille est extrêmement importante pour les deux parties, le régime comptant sur ses alliés parmi les riches commerçants de la ville pour financer une partie de son effort de guerre, et les rebelles aspirant à rééditer le schéma libyen avec Benghazi, en créant une zone protégée.
"Notre force nous permettra de gagner"
Rare journaliste sur place, François Clauss, envoyé spécial d'Europe 1 à Alep, a vécu la préparation des rebelles. Il a assisté à un rassemblement de soldats dans une cour d'école reconvertie en caserne. La plupart de ces 200 à 300 Syriens n'avait jamais combattu. Mais c'est une évidence pour eux. "Bachar est de plus en plus dépendant de ses soutiens, les Russes, les Iraniens, le Hezbollah. Nous, l'armée libre, c'est le peuple de Syrie qui est avec nous. Dans tout le pays et à Alep, c'est notre force qui nous permettra de gagner", commente un homme d'affaires reconverti en soldat.
Vendredi, une première alerte est donnée, lorsque des hélicoptères de combat sont signalés à quelques centaines de mètres de la ville. La tension monte. Les soldats rebelles prennent place, mais finalement, les hélico ne tireront pas cette fois. Les combats s'annoncent beaucoup plus intenses samedi.