Et si la solution à la crise syrienne venait de Russie ? Lundi, Moscou a pris l'initiative en suggérant de placer l'arsenal chimique de Damas - l'un des plus importants au Moyen-Orient - sous contrôle international et de le détruire. Une annonce qui a été accueillie favorablement par tous les acteurs du dossier. Décryptage.
La Russie prend l'initiative. Moscou a suggéré de placer l'arsenal chimique de Damas sous contrôle international. Assurant que Damas était toujours prêt à des négociations de paix, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a créé la surprise en annonçant avoir proposé aux Syriens de placer leur stock d'armes chimiques, considéré comme l'un des plus importants au Moyen-Orient, sous contrôle international et de le détruire. L'annonce de cette initiative de Moscou intervient le jour de la rentrée des parlementaires américains qui devraient se prononcer, d'ici la fin de semaine prochaine, sur le bien-fondé de frappes militaires "limitées" contre le régime de Damas.
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Syrie : "accueil favorable" du régime. Damas a immédiatement "accueilli favorablement" cette proposition par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Walid Mouallem. "Le ministre Lavrov a mis en avant une initiative liée aux armes chimiques. Je déclare: la Syrie salue l'initiative russe, fondée sur les inquiétudes des dirigeants russes concernant la vie de nos citoyens et la sécurité de notre pays", a-t-il déclaré. Le chef des rebelles syriens a, lui, accusé Bachar al-Assad et son allié russe de mentir. "Nous appelons à des frappes et nous avertissons la communauté internationale que le régime dit des mensonges, et que le menteur Poutine est son professeur", a déclaré le chef de l'Armée syrienne libre, Selim Idriss, dans un entretien à Al-Jazeera, en référence au président russe Vladimir Poutine.
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Une porte de sortie pour les Etats-Unis. "Cela pourrait constituer une percée importante", a lancé Barack Obama sur la chaîne NBC. "Si le régime mettait immédiatement ses stocks (d'armes chimiques) sous contrôle international, ce serait une étape importante", a renchéri l'ancienne secrétaire d'Etat Hillary Clinton.
Confronté à une opinion publique hostile à une intervention militaire - 60% des Américains sont contre -, le président américain voit dans la proposition russe une porte de sortie. Interrogé par ABC sur la possibilité d'une "pause" dans le cheminement vers des frappes, au cas où les armes chimiques seraient sécurisées, il a répondu "tout à fait, si cela se produit". Dans l'immédiat, la proposition russe a débouché sur le report d'un vote prévu mercredi au Sénat.
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L'ONU déjà au travail. Dans la foulée de la proposition russe, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé à la création de zones supervisées par les Nations unies en Syrie où les armes chimiques du pays pourraient être détruites. "J'étudie la possibilité de demander de manière urgente au Conseil de sécurité d'exiger le transfert immédiat des stocks d'armes et de précurseurs chimiques dans des zones en Syrie où ils pourraient être entreposés en sûreté et détruits", a-t-il précisé, jugeant indispensable de surmonter "l'embarrassante paralysie" du Conseil sur le dossier syrien.
La France met "trois conditions"... Laurent Fabius a assuré que cette proposition était "recevable à au moins trois conditions". Le président syrien Bachar Al-Assad "doit s'engager sans délai à mettre sous contrôle international et à laisser détruire l'ensemble de son arsenal chimique", et "cette opération doit se faire sur la base d'une résolution contraignante du Conseil de sécurité, avec un calendrier court et des conséquences fermes s'il ne respectait pas ses engagements", a expliqué le ministre des Affaires étrangères.
"Intéressant" pour l'Allemagne. Totalement opposée à une intervention armée, l'Allemagne apprécie la proposition russe. "Aujourd'hui il y a eu une proposition intéressante" a commenté Angela Merkel, lundi, dans le cadre de la campagne pour les élections législatives du 22 septembre. "Si les actes suivent, et s'il ne s'agit pas que de gagner du temps et que cela se concrétise, alors l'Allemagne pousserait pour que cette voie soit poursuivie", a-t-elle ajouté, rappelant son opposition à une intervention armée.