C'est une déclassification aussi rare qu'importante. Les services de renseignements français ont déclassifié lundi une note qui vise à prouver que le régime de Bachar al-Assad est responsable de l'attaque chimique du 21 août. Les renseignements français s'appuient sur cinq éléments pour imputer cette attaque au dictateur syrien ajoute le rapport que Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre, a présenté lundi aux présidents de l'Assemblée et du Sénat, à ceux des commissions des Affaires étrangères et de la Défense des deux chambres, ainsi qu'aux présidents des groupes de la majorité et de l'opposition des deux chambres.
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Une attaque en terres rebelles. L'attaque chimique a été perpétrée dans des zones tenues par les rebelles, a révélé l'imagerie française. Après l'attaque, le régime a bombardé la zone intensément avec une "volonté d'effacement des traces environnementales", ajoute la note. Les rebelles n'ont pas les moyens de mener une telle attaque, "massive et coordonnée", qui a utilisé des roquettes "très vraisemblablement de fabrication industrielle", a-t-on précisé de source gouvernementale.
"Un cas majeur". La même source a assuré que la déclassification d'une telle note était "assez rare, voire exceptionnelle". Elle peut s'expliquer selon lui par le caractère aussi exceptionnel de la situation. "C'est un cas majeur de sécurité nationale française et de sécurité du monde", en ce qu'il s'agit de la question de la prolifération des armes de destruction massive, a-t-elle confié.
Trois cas "vérifiés" d'attaque chimique. La note des services de renseignement français revient sur trois cas "vérifiés" d'utilisation d'armes chimiques par le régime ces derniers mois. Contrairement à ces précédentes attaques, qui utilisaient de "petites charges chimiques", et avaient un "objectif de terreur", l'attaque du 21 août était "massive", avec un "objectif tactique, de reconquête du terrain". Cette note de neuf pages a été rédigée par la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) et par la Direction du renseignement militaire (DRM).
Six vidéos en guise de preuves. Le ministère de la Défense a publié lundi soir six vidéos "sur les 47 analysées" pour corroborer ses dires. La première a été tournée le matin du 21 août. Selon le ministère, elles "attestent l'utilisation d'agents chimiques contre les populations civiles". La deuxième montre des corps d'enfants recouverts sous des couvertures. La troisième recense un des symptômes imputable à l'usage du gaz sarin. Sur la quatrième, on voit un enfant en détresse respiratoire après l'attaque. La cinquième montre une hypersalivation mousseuse, et la sixième des mouvements incontrôlés.
, ces vidéos sont interdites au moins de 18 ans et sont susceptibles de choquer les personnes sensibles.
Une surveillance qui date. Paris se montre particulièrement attentif à l'évolution du stock d'armes chimiques de la Syrie, laisse entendre la note des services français. "La Syrie détient l’un des plus importants stocks opérationnels au monde d’armes chimiques, dans le cadre d’un programme ancien et diversifié qui fait depuis longtemps l’objet d’une surveillance des services français et de nos principaux partenaires", y est-il écrit, ajoutant que "ce programme est l’une des principales menaces en termes de prolifération d’armes de destruction massive".