Après s’être attelé à rendre public les échanges diplomatiques des principales puissances occidentales, Wikileaks a décidé de se pencher sur le cas syrien. Le site incarné par Julian Assange a donc mis en ligne deux millions de mails de personnalités politiques et de responsables officiels syriens, datant de 2006 à 2012. Une correspondance qui montre notamment l’implication de nombreuses grandes entreprises, parfois issues de pays dénonçant la répression des populations.
Dénoncer le double discours
"WikiLeaks a commencé à publier les dossiers de Syrie, plus de deux millions de mails de personnalités politiques syriennes, de ministères et d'entreprises datant d'août 2006 à mars 2012", a annoncé jeudi une porte-parole du site, Sarah Harrison.
Ces courriels sont "une importante base de données. Cela prendra du temps avant que les histoires ne sortent", a-t-elle ajouté, refusant de préciser comment WikiLeaks avait obtenu ces documents écrits notamment en arabe et en russe. "Les informations contenues dans ces documents vont des correspondances personnelles des chefs de file du parti Baas, jusqu’aux transactions financières effectuées par les ministres syriens vers d’autres nations", ajoute Wikileaks sur son site Internet.
L’Italie a déjà son scandale
Face au nombre de courriels rendus public, au nombre de 2.484.899, leur contenu n’a pas encore été intégralement étudié mais ils "révèlent comment les sociétés occidentales disent une chose et en font une autre", précise par ailleurs le site Internet sur sa page d’accueil. Cette publication a néanmoins déjà contribué à révéler une nouvelle affaire de l’autre côté des Alpes.
Les documents prouvent notamment que le géant de la défense, Finmeccanica, contrôlé par l'Etat italien, aurait fourni du matériel de communication au régime syrien depuis le début du conflit. Ce contrat pour la fourniture d’un système de communication crypté date de 2008 mais la filiale du géant italien a continué d'envoyer des ingénieurs et à fournir son assistance au régime syrien jusqu'à une période très récente, accusent L'Espresso et le journal en ligne espagnol Publico.
L'Espresso cite un autre mail embarrassant pour Selex qui "annonce l'arrivée d'ingénieurs de Selex à Damas pour enseigner l'utilisation du réseau de communication et son emploi aussi sur les hélicoptères, en date de février 2012 quand le drame syrien est déjà une affaire mondiale". "Les dirigeants de Selex et Finmeccanica étaient-ils conscients que leurs produits se seraient retrouvés aux mains de la garde prétorienne de Bachar al-Assad ?", s'interroge le magazine italien.